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SAISON 2013

journal de bord


Lundi 19 août - Nieuwpoort - ETA 0830TU
BIENTOT A QUAI
MERENA arrive ce lundi en fin de matinée, rendez-vous sur les pontons si le coeur vous en dit ...


Dimanche 18 août - 50°38N 000° - sur le méridien de Greenwich - 1530TU
TOUT DERNIER MORCEAU...
Encore une ligne de franchie, le retour aux longitudes Est nous rapproche définitivement de l'arrivée. Encore une centaine de mile et le Merena rentrera à Nieuwpoort après 22 mois d'absence et 23.000 miles de voyage.
Les chiffres ne masquent pas les souvenirs, ils affluent à s'en noyer. Qu'il était bon de croiser dans ces mers lointaines, d'aborder des rivages inconnus, de se sentir loin. Maintenant la VHF débite les phrases rituelles anglaises et françaises des avis aux navigateurs et des météos côtières que nous connaissons si bien. Selsey Bill, Beachy Head, Dungeness, les caps anglais défilent comme il y a deux ans dans l'ordre inverse. Nostalgie de la fin d'un voyage, d'un rêve inachevé. Ne vaut-il d'ailleurs pas mieux que les rêves le soient ? C'est alors comme le trait de lumière qui passe par la porte entr'ouverte du futur. Un espoir voire une promesse d'une suite, d'autres aventures, d'autres rencontres, d'autres amitiés. Pendant ces derniers miles, c'est surtout à mes équipiers que je pense. Les trente-quatre personnes qui se sont succédé à bord. Amis proches, étrangers à découvrir, garçons et filles, jeunes et vieux, des personnalités si variées qui ont donné la saveur de ces miles. Ces conversations sous les étoiles, ces paysages partagés, ces moments de grands bonheurs ou de petits soucis nous les avons vécus ensemble, dans l'intimité du large. De belles communions. Elles ne s'oublieront pas. Il faudra sûrement quelque temps avant de rassembler ces souvenirs, d'en faire un joli paquet que l'on pourra alors jeter dans le feu naissant d'un nouveau projet, pour l'alimenter.


Samedi 17 août - Gosport Marina - 2200TU
GOSPORT AGAIN
Les bateaux tirent sur leurs amarres, les drisses claquent contre les mats, les longs voiles de pluie, éclairés par les lumières au sodium des pontons, rappellent l'automne maintenant si proche... On a beau se dire que ce n'est qu'un petit passage de front, le doux soleil de Parati, du Cap Vert ou des Bermudes parait déjà si loin, une autre histoire, une autre aventure.
Tandis que la pluie cingle le hublot, que nous prenons une forte gîte sous la rafale, humide et froid, on craint tellement l'hiver. La plupart des bateaux sont vides, les interminables pontons de cette grande marina me donne le blues: tant de rêves à quai, tant d'attentes et d'espoirs déçus que retiennent de mornes pare-battages. Le sentiment de la froideur de la gare, le dimanche soir, lorsque les élèves se rassemblaient pour rentrer au collège.
Là aussi, les réverbères éclairaient les flaques et les gouttes de pluie glacées irisaient les pare-brises des voitures garées...


Jeudi 15 août - Port de Plymouth
ARRIVEE DU FASTNET
Arrivée au tout petit matin gris. Les landes monochromes de la Cornouaille bordent notre approche sous un crachin qui se transforme en pluie au passage de la ligne. La phare de la jetée, le coup de corne, "voilà voilà c'est fait" comme disent les vaudois avec leur inénarrable accent...
Une bien belle course. Peu d'erreur, à part un mauvais petit contre bord au large de Salcombe mais une très belle option au Sud des Scilly, plein Ouest jusqu'à près de 50 miles des îles - et de la route directe ! Un petit coup de stress au moment du virement: plus personne autour de nous et le vent qui molli à l'approche du centre de l'anticyclone...
Et pourtant c'était bien par là qu'il fallait passer. Ensuite, tout droit. Juste s'appliquer à faire marcher la machine, à bien choisir la voilure, bien régler. Un bateau ne performe pas seul: il lui faut un équipage motivé, attentif, concerné. Une belle alchimie dont nous avons joui pour cette 4ème participation.
Affalage des voiles et accostage au milieu du grand cirque de la régate: coques affutées, cordages multicolores, voiles brillantes. Et le look étudié des équipages: ciré de marque, un peu usé, porté ouvert, bottes en cuir, cheveux en pétard, barbe de 4 jours, démarche lente vers le bar qui sert d'énormes pintes de bière plate. Il est 6 heures du matin, aucune importance, l'heure du marin est encore celle de la mer qu'il vient de quitter, celle des quarts où l'on se donne sans compter pour s'écrouler ensuite sur un sac à voile humide à même le sol, sans même avoir retiré ses bottes...
On traine sur les pontons, on regarde ces gros jouets en carbone, ces formes étudiées, on commente l'accastillage, glane ici et là une petite astuce de matelotage, on rêve à nouveau de la mer où l'on était encore il y quelques heures, aux longs surfs, aux réglages fins, à ces paysages sauvages. On refait la course avec les autres équipages, on raconte et entend les petits déboires techniques, les options de route, on perçoit entre les mots - pudiques - les petites peines et les grandes joies du large.
Nous voilà bien envouté, aspirant déjà au prochain rendez-vous, à la prochaine confrontation avec les mêmes acteurs dans d'autres eaux...


Jeudi 15 août - Plymouth
MERENA a franchi la ligne de la Rolex Fastnet Race à 0557TU ( 0657BST)
Premier des Class40 engagés en IRC !!! ...
Equipage ravi ...


Mercredi 14 août - 50°51 N 008°34 W - 0620TU
Fastnet Race jour 4
LE FASTNET ... EN PHOTO
Journée tactique hier dans un vent changeant au près puis au largue. On envoie enfin le genaker et la vitesse augmente. Avec la nuit tombe aussi le brouillard et un crachin très local. Le préposé à la météo marine irlandaise nous avait prévenu avec son accent inimitable: "rain, drizzle or fog". Tout était juste sauf le "or", on a tout eu ! L'approche du fameux rocher et de son phare a été carrément impressionnante: nuit noire, visibilité de 50 mètres, du vent au près, plein d'autres voiliers très proche et invisible. Stressant et relativement dangereux. A un mile du phare, on distingue très vaguement un faiseau lumineux. Ce sera tout du Fastnet cette année-ci. Il est minuit, on enchaine avec la bouée de dégagement à vive allure, bord à bord avec un concurrent dont on ne distingue que le feu de tête de mat. Il reste à redescendre la mer celtique vers les îles Scilly avec un regret sourd de n'avoir pas pu voir la mythique silhouette du phare sur son rocher. Il restera à montrer des photos à l'équipage !


Mardi 13 août - 49°46 N 007°29 W - 0440TU - Fastnet Race jour 3
A L'OUEST DES SCILLY
L'option est peut être un peu audacieuse mais ne dit on pas qu'il faut tirer vers là où le vent va venir ? Nous sommes en bordure Nord Est d'un bel anticyclone qui nous donne une nuit fraiche et magnifique: innombrables étoiles filantes, voie lactée bien nette, une nuit comme on les aime en mer. Seul bémol, on ne va pas vraiment dans la bonne direction... Nous avons un "Fastnet Wind" comme l'a fait habillement remarqué Thibaut ! Un à un les autres concurrents ont viré, nous laissant bien seuls, cap sur l'Amérique ! Nous n'allons pas tarder à renvoyer vers le Nord. On attend avec impatience le lever du jour et le réveil de notre routeuse qui veille sur nous de vague en vague et fait tellement partie de l'équipage !.


Lundi 12 août - 49°55 N 004° W - 0815TU -
Fastnet Race jour 2
LIZARD
Départ hier à 1330 en catégorie IRC1. On prend une option osée babord amure juste devant le Royal Yacht Squadron, avec les TP42. De nombreux bords bien calibrés et nous sommes bien dans le match au Needles. Là, catastrophe: la grand voile est déchirée au guindant entre l'amure et le premier ris... que l'on est obligé de prendre... On tire des bords avec deux belles adonnantes bien suivies qui nous permettent une jolie remontée. Nous voilà 99ème sur plus de 300 bateaux. La nuit est plutôt facile et tranquille, tout le monde dort bien à bord avec la digestion du fameux Cornish Pastry chauffé au four. Ce matin, tout va bien, nos principaux concurrents (les deux Class40 première génération qui courent en IRC) sont derrière. Toujours au près, on plante des pieux dans un petit clapot difficile à négocier. A suivre un vent de NW c'est à dire encore du près pour tourner le coin de Land's End et s'élancer vers le fameux rocher.


Dimanche 11 août - marina Gosport- 0500TU
ALLEGEMENT
Petite pluie fine au lever, nous sommes bien arrivés en Angleterre ! Heureusement les deux derniers jours ont été bien ensolleillés, pratique pour organiser l'allègement du Merena : deux ans de voyage ont accumulé une foule de petites choses légères qui, additionnées, ont transformé le coursier en maison de campagne ! Ballets des chariots sur le ponton pour remplir la camionnette de Thibaut et faire remonter la ligne de flotaison. Juste les quantitées nécessaires de fuel, d'eau, d'alimentation, le reste est impitoyablement débarqué: livres, boites de conserves, sacs de voyage, ...
La carène est frottée à l'éponge par des plongeurs, le gréement vérifié, la navigation affinée. Tout est prêt ce matin pour le départ de la fameuse Fastnet, cette course mythique qui part de Cowes, contourne le rocher du Fastnet et son beau phare au Sud de l'Irlande et retourne à Plymouth en ayant laissé les îles Scilly sur babord. Le plateau est relevé: les plus beaux voiliers de régate viennent du bout du monde. IMOCA, superyachts, multicoques extrèmes, stars de la voile se donnent rendez-vous tous les deux ans pour cet incontornable rendez-vous. Quant à nous, nous avons une belle mixité de l'équipage, non en sexe mais en nationalité: belge, suisse, britannique et française pour 6 équipiers ! Compétences et expériences variées à bord, le niveau est certainement digne de cette formidable régate et c'est un honneur et un vrai plaisir pour moi d'en être le skipper. Cette course a acquit sa réputation en 1979 par une catastrophe qui a marqué les esprits: une tempête avait balayé la mer celtique causant de nombreux naufrages et des morts. Les bateaux de régate étaient alors exclusivement tournés vers la performance, négligeant la sécurité. C'est cette dramatique edition qui a révolutionné les exigences et les contrôles. Heureusement, nous devrions rencontrer des conditions plutôt légères pour cette édition mais pas mal de près, ce qui n'est certainement pas l'allure préférée du bateau... Nous sommes de toute façons déterminés à tirer le maximum de la machine, et de nous même !
Départ à 1430H heure belge, à suivre sur le site du RORC.

Jeudi 8 août - 50°36 N 001°45 W - 1700TU
NEEDLES EN VUE
Le jour se lève sur l'arrivée. Un matin clair et calme, un soleil limpide dans les brumes et une mer miroir. Depuis l'entrée en Manche, la nuit précédente, on subit comme une punition une pétole assez tenace qui nous laisse de temps à autre espérer quelques miles de voile à des vitesses anémiques. Qu'avons nous donc à expier par cette quarantaine qui nous interdit une arrivée tant attendue. Nous avons bien navigué jusqu'ici, alternant toutes les allures et toutes les météos: le brouillard humide de Terre Neuve, un beau front froid très marqué et impressionnant, un flux puissant de Nord à Nord Ouest levant une mer virile digne de l'Atlantique Nord. Des journées ensoleillées, des cumulus façon chantilly, des ciels clairs aussi. Alors que nous avions partie gagnée, qu'il ne nous restait que quelques miles le long de la côte Sud de l'Angleterre, tout s'est arrêté. Les belles moyennes qui nous avaient fait projeter une arrivée hier midi s'éffondraient, nous laissant aux prises d'une propulsion mécanique dérisoire. Mais ce matin, il faut avouer que c'est joli. Sous genaker au près bon plein sur une mer absolument plate, on glisse vers les Needles, l'entrée Ouest du Solent, ce bras de mer mythique entre l'île de Wight et la la côte anglaise. La radio crépite de messages familiers des gardes- côtes anglais et français, l'horizon n'est plus vide. Le voyage de Merena touche à sa fin, il va prochainement repasser en mode "course au large" pour disputer la Fastnet, au départ de Cowes. Au programme de l'après-midi: nettoyages, vidages des effets de longue croisière, carénage à flot et ... bonne bouffe dans le pub le plus proche !


Mardi 6 août - 49°35 N 006°23 W - 1350TU
LA DURE VIE DES MARINS
Lentement le vent est parti. La vitesse a diminué progressivement pour s'arrêter tout à fait ce matin. Maintenant la mer est d'huile avec un petite houle. On a affalé les voiles pour les préserver et démarré le moteur. On en profite pour bricoler, sécher, cuisiner (avec ce qui reste autant dire qu'il vaut mieux être créatif...). Les îles Scilly sont à moins de 20 miles sur notre babord, mais nous ne les voyons pas. S'en est fini de l'océan, nous sommes rentré dans le côtier. Le soleil brille, nous en avions perdu l'habitude et on peut même enlever les polaires, il fait estival, maintenant. On scrute l'horizon pour découvrir la risée salvatrice, celle qui nous propulsera dans la Manche... Hélas, les nouvelles météo ne sont pas très encourageantes et l'on voit le temps d'escale avant le départ de la Fastnet s'amoindrir ... Il n'y a heureusement que peu de travail sur le bateau mais on aurait bien aimé se la couler douce pendant deux-trois jours avant de reprendre la mer. Il en sera autrement, c'est çà, la dure vie des marins !!


Lundi 5 août - 49°18 N 009°48 W - 1600TU
COMME EN AVRIL
Un temps de printemps. De jolis petits cumulus blanc au loin dans un ciel bleu clair. L'air est piquant comme à la fin du mois d'avril quand on se dit que l'été sera beau. On écoute du frais et du léger, certain se sont même rasés. Le bateau vole au dessus de 10 noeuds avec une déconcertante facilité, sous grand voile haute et solent. Nous sommes de plus en plus accompagnés de dauphins, de jour comme de nuit. C'est particulièrement beau de les voir lancés comme des torpilles et laissant derrière eux des trainées turquoises de plancton agité. On a bouclé notre 11ème jour de mer et on sent l'écurie. Les cargos sont plus nombreux, les oiseaux également. Notamment un joli fou de Bassan, au corps fuselé blanc et bouts des ailes bien peintes en noir. Nous avons parcourru 2000 miles depuis St Pierre et il en reste moins de 200 pour le cap Lizard et l'entrée dans la Manche.


Dimanche 4 août - 49° N 016° W - 0600TU
BON OU MEILLEUR
Nuit délicieuse, sous les étoiles le bateau glisse. Le sillage est lumineux de plancton, l'aube naissante est si précoce qu'elle s'éternise avant l'apparition du soleil. La mer se colore de milles façons avant de subir l'éclat du premier rayon. Deux mouettes piaillent. Elle se battent. Ici aussi, entouré par toute cette beauté, elles se battent malgré tout. Elle veulent plus, elles veulent le bout de poisson de l'autre mouette. Plus de nourriture, plus de moyens, plus de pouvoir. Les plus vertueux ne le briguent que pour aller vers un monde meilleur, disent-ils. Même s'ils étaient sincères, le pouvoir ne mène qu'au conflit avec celui qui ne l'a pas. L'ambition mène au conflit. Irrémédiablement. Mais quel autre moteur pourrions-nous donc trouver pour agir, avancer, créer, si ce n'est celui d'être "plus" ? Plus grand, plus célèbre, plus riche, plus fort ? La misère de l'ambition provient de l'incessante comparaison... Bannissons l'une et l'autre ! Mais quoi d'autre, alors ? Quelle alternative ? Ouvrez les yeux et respirez profondément: la réponse est devant l'étrave dans ce soleil qui se lève. Aimer ce que l'on fait, juste pour la beauté du geste, pour l'amour de l'art, surtout sans comparer. La seule nuance est de chercher à être bon et non meilleur. Pas d'autre ambition qu'une sérénité heureuse, qui ne s'élève au dessus de quiquonque. Fuyez la comparaison et la compétition qui ne conduisent qu'à la guerre, à la souffrance et à la mort ! La beauté de l'aube révèle et réclame cette sérénité.


Samedi 3 août - 49°05 N 019°03 W - 1400TU
LES PAYS DES COLLINES*
On navigue au pays des collines. Le vent s'est calmé et laisse une longue et régulière houle qui fait ressembler l'océan à une jolie campagne aux versants doux, aux vallons profonds et aux crètes arrondies. Parfois un mur paisible se dresse devant nous, le bateau, comme étonné, le gravit en ralentissant puis bascule sur le sommet et descend avec le plaisir d'un skieur alpin. Le barreur, doit accompagner d'amples mouvements pour compenser les déventes dans les creux. En effet, tout s'arrête au fond: plus de vent, plus d'horizon. Puis, avec lenteur et puissance, la vague nous relève. Le vent est faible et au près ce qui n'aide pas notre progression. Pourtant, pour la première fois de ce voyage, on a l'impression de rentrer. La maison est devant, de plus en plus proche; sur la carte le contour familier de l'Europe gagne du terrain. Il reste quelques centaines de miles pour entrer dans la Manche, notre Manche, là où tout à commencé. La Bretagne sur tribord, l'Angleterre sur babord et au milieu les cargos à la queue leu leu. En pensée, on passe déjà les caps. Lizard, Star Point, Portland Bill, tant de balises qui ont rythmés nos croisières estivales de leurs courants de marée. Comme à chaque fin de traversée, les sentiments se bousculent entre la joie de voir les miles restants diminuer et une certaine appréhension à quitter cet univers simple - voire simpliste - de la vie au large, où tout est orienté vers un objectif univoque: progresser sur la destination...
*en hommage à Michel Fischer


Jeudi 1 août - 47°05 N 025°55 W - 1900TU
GRAND FRAIS D'ATLANTIQUE NORD
(pour 5 personnes)
Avant la préparation, prenez un grand et beau morçeau d'océan, videz-le de toute autre embarcation. Veillez à le prendre bien au Nord, c'est important pour la bonne réussite de la recette. Ensuite, allumez le ventilo sur 25 à 30 et laissez le tourner deux jours. Vous obtiendrez de belles grosses vagues, bordée de chantilly. Faite déferler. Retirez 15°C, et changez août pour octobre ou mieux, novembre. Passez l'affichage de couleur en mode "niveau de gris", 256 niveaux seront largement suffisants. Saupoudrez de temps à autre de petites averses que vous aurez préalablement passé au freezer. N'oubliez pas de verser des grandes louches sur le plat-bord et dans le cockpit pour éviter qu'ils ne sèchent. Evitez évidement toute régularité dans l'humidification pour garder un effet de surprise très apprécié. Dès la nuit tombée, veillez à mettre deux crans de plus au ventilo et deux de moins au thermomètre, redoublez dans le glaçage. Continuez à secouer sans aucune interruption, cela briserait le charme. Les convives sont certes un peu surpris par ce goût nouveau mais s'y habituent rapidement. De toute façon, après l'avoir digéré, ils s'en souviendront comme l'un des plus fins repas de ces dernières semaines et trouveront bien fades les molles ondulations et les volutes des liqueurs et des cigares de l'escale.


Mercredi 31 juillet - 47°02 N 031°45 W - 1300TU
LIBERTE
Debout dans le cockpit, sentir le vent frais et l'embrun piquant, ouvrir les poumons, respirer à fond et surtout admirer toute cette beauté sauvage. Notre esprit est disponible, nous sommes libres... dans cet univers de contraintes et de risques. Mal dormir, mal manger, avoir des difficultés à se déplacer ou simplement à se tenir debout et pourtant... nous sommes libres. Non pas seulement parce que nous avons choisi librement cet exil de la terre des vivants mais parce que le contact de cette nature sauvage nous libère des influences que nous subissons tant, à terre. Respecter les traditions, avoir peur de ne pas "être conforme", vouloir ressembler à cette image que l'on a conçu pour nous. Dès que nous désirons ressembler à quelqu'un, être quelque chose, nous brisons le chemin vers la liberté. La liberté c'est la révolte. Mais on peut se révolter sans prendre les armes, sans tuer ses semblables, sans même les égratigner.
Une des façons de l'approcher, cette liberté, c'est de pouvoir s'extasier devant ce spectacle, et l'aimer. Pas de liberté sans amour.


Mardi 30 juillet - 46°57 N 035°21 W - 1815TU
UNE BIEN BELLE JOURNEE
La mer s'est rangée et le vent a adonné. Il reste frais et vivifiant et les stations dans le cockpit sont toujours sujette à quelques embruns épars. Les formes des cumulus sont propices à l'imagination et leurs dégradés délicats de gris nous ravissent. Cet après midi nous avons été averti par l'AIS de l'approche d'un cargo. Toute une exitation à bord: il va passer tout près. On l'appelle par radio et on convient de se prendre en photo mutuellement. En plus, il va à Zeebrugge, qu'il atteindra dans trois jours, lui ! Quelques minutes plus tard, rencontre d'une colonie de globicéphales. Que d'activité pour une seule journée ! L'équipage a trouvé ses marques et la vie à bord s'est organisée après le petit coup de vent d'hier; heureux d'une appréhension vaincue, tous affichent des mines réjouies. On cuisine, on bouquine, on cause. La vie est belle et simple, au large.


Lundi 29 juillet - 46°55 N 040°51 W - 1220TU
WHITE HORSES
Ce matin, c'est la guerre au soleil. Le vent s'est mis au Nord Est pour 25 noeuds et a croisé la mer faisant jaillir des trainées d'écumes bien blanches. Nous parlons de moutons, les anglais préfèrent "white horses". A moins que ce soit "Wild Horses", qui envahissent fréquement le cockpit. On aimerait pouvoir abattre dans ces creux mais au contraire ce sont les crêtes qui percutent le tiers avant du bateau, donnant de beaux chocs. Manger, dormir, se déplacer devient sportif et l'eau salée s'infiltre partout. Heureusement il ne fait pas froid et à l'abri de la casquette on sèche en regardant les fontaines coulants dans le fond du cockpit. L'air est très frais et le spectacle est grandiose. On essaye quelques photos que l'on sait pourtant incapables de traduire ces visions. C'est une alchimie de sons, d'air, d'embruns, de mouvements ... Et le bateau vole d'une vague à l'autre. De temps à autre, il rate son atterrissage et s'écrase dans un creux ou se fait viollement percuter par une lame sournoise, alors on souffre pour lui. On abat un peu pour le soulager. Qu'est ce que quelques degrés quand la route est encore aussi longue ? Quant à nous, ce soir est un grand soir: on prépare un confit de canard au riz qui sent déjà délicieusement bon !


Dimanche 28 juillet - 46°50 N 043°47 W - 1610TU
IN ILLO TEMPORE
Notre visibilité n'excède toujours pas une centaine de mètres. Depuis des jours maintenant. Parfois on parvient à l'oublier, parfois on en ressent une réelle oppression. Comme prisonnier. De temps en temps du ciel bleu juste au dessus de nous, qui disparait rapidement, sans que nous n'ayons pu voir la vague suivante. Dans la grande houle c'est étrange, on ne voit pas la crête suivante et la descente se fait sans balise. Avec les années, la vie intérieure que cet isolement visuel engendre se recentre sur les souvenirs plus que sur l'imagination... Des images de brouillard reviennent, un réverbère au halo glacé dans une longue nuit scandinave quand nous rentrions dans la maison de bois claire. Des ombres de passants emmitouflés de longues pelisses au col de phoque, des chapkas nouées qui pressent le pas. La neige fraiche adoucit les contours et les bruits. L'air est chargé d'un fin grésil. Nous entrions alors dans la maison, d'abord par une petite entrée pour enlever vestes et bottes, et ensuite seulement, dans l'antre lui-même, sec et chaud, éclairé de lumières tamisées. Il était doux alors de regarder encore dehors le gel qui laissait de petites étoiles aux commissures des fenêtres. A bord, on s'est organisé maintenant, le chauffage fonctionne à nouveau, on vient de mettre la main sur la bouillote et le tube de lait condensé sucré est paré. Le bateau glisse à 9 noeuds sous pilote alors que nous surveillons l'écran de l'AIS, une boissons chaude à la main. Pas très utile de regarder, il n'y a rien à voir...


Samedi 27 juillet - 45°40 N 051°30 W - 0120TU
BRUMES DE TERRE NEUVE
Le brouillard nous enveloppe, nous accapare, nous isole. Deux à trois vagues d'horizon limite notre existence. Depuis plus de 30 heures déjà. Un voilier sur l'océan est déjà une petite île, elle s'est encore amoindrie. Même notre imagination en est affectée. On se surprend à voir des formes apparaitre, lointaines ou exagérément proches. Des étraves de cargos fous, des terres inconnues bordées de récifs assérés, voire des images plus fantasmagoriques encore, remontant tout droit des peurs enfantines... Et pourtant, il n'est pas bien épais en altitude, le bougre ! Quelques dizaines de mètres tout au plus, laissant une très forte luminosité la journée et même la pénombre inquiétante de la lune la nuit. La profondeur n'excède pas 80 mètres, signe que nous sommes encore sur les bancs de Terre Neuve. On en vient à bénir les moratoires de pêche limitant le nombre d'embarcations. Avec 50 mètres de visi, sous spi, il faut de la chance! D'autant plus que les pêcheurs ne sont pas contraints à l'utilisation de l'AIS (le transpondeur signalant position, cap et vitesse). Heureusement qu'il ne faut pas entrer dans un port voire même se rapprocher de la côte. Le cap Race (l'extrème Est de Terre Neuve, le point le plus à l'Est du continent américain) est dans le sillage et nous avons tout l'Atlantique devant nous. Il faut simplement penser à autre chose comme la cuisine ou la lecture que cette mer calme permet et se laisser guider par les dauphins qui nous accompagnent souvent... ...


Vendredi 26 juillet - 45° 53N 052° 48W - 0800TU
ESCALE A ST PIERRE ET MIQUELON
Aah, quelle belle escale ! Elle a si rapidement disparu dans le sillage brumeux hier après midi, mais elle restera l'une des plus pittoresque escale de ce voyage. Petit morçeau de terre française baignée par les eaux Terre-Neuvas du Canada et peuplée de basques, de Normands et de bretons. La traditionnelle activité de pêche a succombé aux quotas et aux différents avec l'Etat canadien. Sa mer territoriale a finalement été décimée et réduite à un "tuyau" de 200 miles de long sur 10 de large ! Pas d'industrie, même pas de caserne, on se demande à quoi peut bien servir cette dépendance française à part pour les - peu nombreux - plaisanciers de passage, ravis de trouver du cassoulet, du lait condensé sucré en tube, du vin rouge à prix raisonnable, du gaz butane, du vrai fromage et du vrai pain après la misère américaine ! Certes l'isolement "à la française" n'est pas celui de Sainte Hélène (il y a un aéroport et un ferry sur le Canada) mais le bateau ravitaileur ne passe qu'une fois par mois. Au dernier Noël, il parait que les mauvaises conditions météo l'avait empêché d'accoster laissant les îliens sans dinde... En effet, le climat n'est pas facile: la température moyenne sur l'année est de 5,3° bien que les habitants nous ait assuré que "ce n'est plus comme avant", que "çà se réchauffe". En été, c'est le brouillard. Une de ces dernières années, il parait que l'île en est restée couverte pendant 4 mois et les optimistes de l'école de voile ont des voiles réduites... Et pourtant, on aime ! Pas tant pour les superbes paysages austères, les petites maisons colorées de la ville, mais pour l'accueil et l'affabilités des gens, fiers de leur île et heureux de recevoir des visiteurs. Les habitants sont plutôt jeunes, ils se connaissent tous (il y a moins de 6000 personnes) et apprécient les beautés naturelles de leur île. Il n'est pas rare de les croiser, jumelles à la main, pour observer les baleines dans le détroit entre St Pierre et Miquelon ou encore les phoques, les macareux ou les pinguins... Le night life explose en cette saison et le festival "Déferlantes Atlantiques" draine des groupes pop-rock dans les divers bars de la ville. Excellente ambiance, très bon enfant: après le concert, on peut taper dans le dos des musicos et critiquer leur prestation. En deux jours on connait du monde et ils nous connaissent. Au bar des marins où le patron lance ses flèchettes au dessus de la tête de sa copine, où on prend une raclée au babyfoot, où le jukebox crachotte de la bonne soupe à la française, on se sent bien. Une escale vraiment agréable, tout en quiétude, comme on l'avait rêvé, en passant sous spi entre les deux îles il y cinq ans, lors de la Québec-St Malo...


Lundi 22 juillet - 45°35 N 059°09 W - 0630TU
LE SECRET DE L'ANONYMAT
Nous voilà enfin dans le cap, au bon plein, sous la pleine lune avec une mer plate de la demi-pétole de l'après midi. Pas de brouillard, un horizon lointain mais plutôt froid et humide. Nous croisons à la latitude de Bordeaux sans avoir le même climat ! Ces miles sont faciles à gagner, le bateau glisse et on écoute le joli concerto pour clarinette de Mozart. Beaucoup d'oiseaux autour de nous. Ils nous empêchent quasiment de pêcher en plongeant sans arrêt sur le leurre et en s'y blessant souvent. C'est toujours un pincement de le voir se débattre en agitant vainement les ailes pour se dégager. C'est tellement contraire aux sentiments qui nous habitent en naviguant au large: paix et fraternité avec les éléments, respect et humilité envers tant de grandeur offerte à nos sens. La contrepartie de ce cadeau doit être la légerté de notre sillage. Il s'efface à mesure que nous le créons, belle image de notre existence. Devant l'étrave, des flots vierges et derrière, quand les remous se sont calmés, pas davantage. Nous n'avons rien perturbé, rien abimé; c'est le grand secret de notre anonymat, dans l'infinité de l'espace et du temps.


Dimanche 21 juillet - 44°53 N 060°54 W - 1345TU
HALIFAX
Avant de mettre pied à terre, cette ville n'évoquait pas grand chose, à part la catastrophe du Titanic - c'est ici que les corps repêchés ont été ramenés - et un aéroport de secours pour les vols transatlantiques. Depuis que nous y avons passé 24 heures, elle n'évoque pas davantage ! Une ville de province américaine ou l'érable a remplacé la bannière étoilée. Building tristounets, fastfood, grands "malls" et fils électriques barrants le ciel au dessus des routes. Une petite rue avec trois ou quatre bars sympa, un excellent groupe de musique live (Sprag Session) oscillant entre le celtique et le country avec un violon comme principal solliste. La nature doit être belle aux alentours: conifères et feuillus, et surtout très peu d'habitants, à par les moustiques, bien nombreux. Le long du bras de mer que nous avons remonté pour atteindre l'Armdale Yacht Club, de jolies maisons en bois cossues et entourées de pelouses impeccables. Un peu comme aux Lofoten, on se dit que ce serait chouette de revenir ici en été...
L'accueil est charmant et les membres s'extasient devant la ligne de Merena. Défilé à bord pour des visites-découvertes. Les dames nous proposent toutes de rester pour cuisiner pendant la traversée, le charme du Joli Professeur et du Ténébreux Photographe ne devant pas être étranger à cet engouement... Nous repartons pourtant sobrement, sans céder aux appels de ces sirènes, sous un joli soleil de fin d'après midi. Quelques minutes après notre sortie du port, le vent forcit, des nuages très bas rampent et la mer se forme par une grosse houle du Sud qui déferle parfois. Back in business ! 20 à 25 noeuds sous solent et un ris entre les crètes. L'air est tellement humide que nous sommes trempés sans embruns ni véritable pluie. Quel dur pays !


Vendredi 19 juillet - 44°20 N 063°48 W - 1050TU
BIENVENUE EN NOUVELLE ECOSSE...
...Qui n'est pas sans rappeler la vieille, d'ailleurs !
Hier, c'était le 18, jour de mon anniversaire et j'ai été gâté. On a commencé par un superbe son et lumière en forme d'orage heureusement distant mais néanmoins impressionnant. Beaucoup d'éclairs éclairant une mer blafarde et grise. Ensuite le gentil crachin se transforme en pluie battante et le vent monte jusqu'au delà de 30 noeuds, heureusement portant. On étale sous trinquette un ris, à vive allure. Après le lever du soleil, la pluie s'arrête pour laisser la place à un brouillard bien dense. Une corne de brume au loin, attentifs, on guette. Puis ça s'ouvre et : soleil ! Il est même chaud, toujours portant. En short et t-shirt, on sèche. Empannages sous spi dans un vent mollissant. Le coucher de soleil est mon vrai cadeau : couleurs, lumières, ombres et formes des nuages, tout est ravissant, baigné par quelques gymnopédies. La côte est alors proche mais la pénombre ne permet d'en distinguer que les contours. Elle est sauvage, très peu habitée, c'est sûr. Quelques lumières s'allument çà et là. On glisse à la vitesse du vent sous genaker sur une mer parfaitement plate sur laquelle la lune envoie ses reflets. Une odeur de pin délicieuse comble le dernier de nos sens.
Il a été décidé - après analyse du service météorologique de la rue Lanfray - une escale à Halifax pour laisser passer un petit coup de vent prévu demain samedi. Sans doute 36 heures d'escale pour découvrir la ville et changer de système météo. Nous serons toujours dans les temps pour nos rendez-vous de l'autre côté de la grand mare...

Mercredi 17 juillet
- 42°39 N 068°44 W - 16TU
GOODBYE USA
Repartis après de jolies semaines de croisières américaines qui nous laissent d'excellents souvenirs. Nous avons quitté Boston hier après midi dans la lumière déclinante, survolés par les très nombreux avions décollant de Logan, l'énorme aéroport. Boston est une ville agréable. Certes moins trépidante et cosmopolite que New York mais facile et relativement petite. Jolis musées, belle harmonie des façades de brique rouge, beaucoup de touristes. C'est aussi une ville d'intello: dans les métros, les publicités concernent surtout les offres de parcours académiques, de 3ème cycle, de réorientation de carrière. C'est vrai qu'ils trustent les grandes unifs...
Beaucoup de choses ont été inventées ici et cela se sent quand on se trouve en bas des marches de l'imposante bibliothèque du campus d'Harvard. Ce qui est très apréciable également c'est que l'eau y est omniprésente. Bras de mer, rivières, lacs, il y a des bateaux partout et on assiste à des régates de J24 ou de Soling à la sortie des bureaux. A signaler aussi l'accueil dans la marina "Waterboat" en plein centre ville: ils ne savent quoi faire pour résoudre les petites questions liées aux appros avant une grande traversée... Par contre, c'est sûr, pas de butane à Boston ! On a donc été acheter un petit bec de camping au propane qui a très bien fonctionné pour les boissons chaudes de la première nuit... de pétole. Nous sommes cinq à bord, ravis de prendre la mer. Ce matin les conditions sont divines: 12 noeuds de bon plein sur une mer plate vers la côte sud de la Nouvelle Ecosse.

Samedi 13 juillet - entre Provincetown et Boston - 1200TU
P'TOWN
Le soleil apparait enfin à notre arrivée. Provincetown, tout au bout de la corne du Cape Cod, est construite sur une langue de sable, dans les oyas. La lumière particulière attire les peintres et photographes. Surtout les branchés libertaires New yorkais, surtout les homos qui semblent fiers de déambuler en se tenant la main. Fini ici le puritanisme des escales précédentes, ici les drapeaux aux lignes multicolores sont systématiquement envoyés avec les drapeaux americains. Hippies et Youpies flanent. Les magasins sentent le patchouli. La vraie contestation tranquille, avec carte Visa et Ferrari. Ah ces américains en font décidément toujours un peu trop... Quand nous étions à New York, nous avons assisté à une Gay Pride de deux millions de personnes ! Déguisements exentriques pour choquer le bourgeois, il nous a semblé que la manif était plutôt basée sur une recherche de liberté et de contestation de l'ordre établi, que sur une revendication homosexuelle. Il est vrai qu'il y a beaucoup de règles et d'interdictions dans ce pays de liberté... A P'Town (prononcer Pi), ils peuvent afficher leurs tendances et ne s'en privent pas. Tant que cela semble un peu puéril. Ces businessmen en bermuda couleur pastel et chemise griffée chaussés d'espadrilles descendent la Commercial Street en se tenant les doigts. Toutes ces manifestations sont sans doute de mauvais présages quant à la répression de leur statut dans le reste du pays. Quand tout va bien, on ne manifeste pas...

Vendredi 12 juillet - Canal de Cape Cod- 1500TU
GRIS GRIS
Escale pluvieuse à Martha's Vineyard dont le charme n'a pas opéré, cette fois-ci. Je me rappelais d'un voyage en été 1984, sur le Typhoon, un charmant voilier de 32 pieds où nous étions entrés là à taton, dans une grosse purée de poix, très fréquente dans ces contrées... Il n'y avait pas de GPS à l'époque et on guettait les différentes cloches et autres cornes du balisage. Le matin, par contre, le soleil s'était levé sur une petite ville adorable, fleurie et heureuse. Cette fois, il pleut sans arrêt et de flaque en flaque, les fleurs font ce qu'elle peuvent. Bien sur on sent être dans la capitale des vacances des WASP sans que ces petites familles aux têtes blondes et aux épouses entretenues ne nous émeuvent particulièrement... Il y a certes quelques jolis voiliers en acajou vernis au mouillage et un hélico sur le pont arrière du yacht garé proximité. Heureusement, dans ce monde d'argent et de pouvoir, encore de belles rencontres comme celle de cet américain alternatif qui monte un projet de goelette en acier pour faire naviguer des jeunes dans les Tall Ship Races. Hier soir nous avons dormi dans une petite baie tranquille appelée Oneset, juste à l'embouchure du canal de Cape Cod. Etonnant ouvrage d'art qui coupe la corne de la peninsule du Cape Cod à sa base. La spécificité c'est qu'il n'y a pas d'écluse et donc un courant jusqu'à 6 noeuds ! La navigation a voile y est interdite, ce qui ne derange pas beaucoup les plaisanciers américains... Il y a de belles vagues crées par le courant et les ponts qui le surplombent sont en acier du plus bel effet... Nous sommes rattrapés par deux voiliers dans le canal. Environs 45 pieds, taillés pour le large, ils sont skippés par deux équipages parés pour le Cap Horn: ciré complet, bottes, harnais, ... Le nom des bateaux: "Courage" et "Invincible". A la sortie du canal, il mettent le cap au nord dans 12 noeuds de vent contraire, au moteur, toutes voiles affalées...

Mercredi 10 juillet - Cuttyhank - 1200TU
WELCOME TO CUTTYHANK
Juste un manque de vent et le début d'un courant contraire pour nous faire entrer dans la passe étroite menant au lagon de Cuttyhank. Combien de fois en arrivant quelque part nous nous sommes dit: "c'est ici." Pourtant assez proche du continent, on sent ici toute l'insularité. 200 personnes en saison, le dizième en hiver. Dont deux enfants et un professeur pour leur donner cours dans la petite école. Une bibliothèque municipale, une salle des fête, une petite église toute simple avec à l'entrée un panier dans lequel sont déposés des coquillages marqués d'intention de prière et d'ex-voto. Sur le quai de bois du port, les commerces: un repaire de vieux pécheurs, mi-quiquaillerie mi-café du port, une échoppe tenue par une adorable blondinette - la mère des deux enfants - qui sert du café à partir de cinq heures du matin, les éleveurs de homard et, plus loin, les ostréiculteurs. A notre arrivée, un vieux monsieur nous invite à prendre une douche chez lui, au sommet de l'île. D'origine sicilienne, il habite maintenant à temps plein ici avec son épouse Paula, britannique et distinguée, qui nous embrasse à notre arrivée chez eux. Il raconte des histoires, nous joue de l'harmonica, nous emmène voir son petit cottage, à quelques pas de la maison principale en nous faisant promettre d'y revenir bientôt. Quelle douceur de vivre, quel calme. En lui demandant comment vit on l'hiver si isolé, il répond : "c'est bon pour l'âme !" Et Dieu sait qu'elle en a, de l'âme, cette petite île. Des murets de pierre, des jardins fleuris d'hortensias, des maisons de bois... On s'y voit tellement vieillir en regardant la vue, en tirant des bords sur un Dragon en acajou mouillé dans la baie ou encore en ramant une jolie barque à clin pour aller relever les nasses à l'aube. Il est de ces coins de paradis qui font vassiller les certitudes. Ici on est plus en amérique, on a abordé une petite terre d'humains vivant en harmonie. Ils sont sans doute plus proches des iliens de l'autre bout du monde que de leurs compatriotes de la côte de la nouvelle angleterre...

Mardi 9 juillet - entre Newport et Martha's Vineyard - 1700TU
DE NIEUWPOORT A NEWPORT
Après une courte escale dans le lagon de Block Island à la sortie du Long Island Sound, nous entrons dans la baie de Newport. C'est là, le yachting à l'américaine, si proche de celui du Solent. On se croirait presque à Cowes. Somptueux class-J au mouillage, petits pontons pouvant accueillir moins d'une dizaine de bateau chacun et débouchant sur une zone de cafés, restaurant et magasins de souvenir. L'ambiance est estivale et la ballade dans les quartiers résidenciels vaut la peine. C'est ici que les grandes fortunes newyorkaise s'étaient fait construire des "mansions" chacune plus imposante que celle de son voisin. Il n'en reste pas moins que les jardins sont parfaitement entretenus et leur plan à l'anglaise ravissants. Nous atteignons la valeur plafond de 5 dollars du pied pour la nuit mais le capitaine est vraiment accueillant: il va jusqu'à nous conduire et nous attendre chez le grand shipchandler de la banlieue. Ce matin, au départ, c'est le fameux brouillard de la nouvelle angleterre... Célèbre dans ces régions, il est de retour. Et avec lui malheureusement une belle pétole qui nous oblige à avancer au moteur. Nous allons sans doute nous arrêter avant Martha's Vinyard...

Dimanche 7 juillet - Mystic Seaport
RIVIERES (NOUVELLES) ANGLAISES
Le climat est toujours parfait. Le ciel parfaitement bleu et les températures très élevées. A mesure que nous gagnons vers l'Est, l'activité nautique augmente. On commence à croiser de plus en plus de bateaux. A moteur pour la plupart, même les voiliers... Hier pourtant nous avions 15 noeuds de vent, mer plate et nous ne croisions que des voiles affalées... Remontée de deux rivières. Tout d'abord la Connecticut River au charme délicieusement anglais, belles propriétés, pelouse tondues, et gignatesques pavillons américains pour terminer dans le village historique d'Essex. Petites maisons en bois aux couleurs chics - gris clair, blanc cassé, verdache. Délicieux parc public et la plus vieille auberge americaine, fondée - parait-il - en 1776... Ensuite courte navigation vers Mystic River et son fameux port-musée. Très réussi, l'endroit reconstitue les habitations et les commerces d'antan: ferronnier, maitre voilier, vendeur d'instruments de marine et de cartes, chantier naval... Ce qui est particulier, c'est qu'il est possible de s'y amarrer ! Après avoir téléphoné sans succès pour réserver une place, on finit par se mettre à couple d'un gentil Beneteau 50 dont les proprios sont partis diner. A leur retour c'est le crime ! Ils appellent la sécurité, nous avons violé la propriété privée, comment avons nous pu faire ça ?! Décidément le fossé culturel est béant... D'autant plus que, larguant les amarres, ils nous souhaitent une bonne continuation de notre voyage et paraissent presque tristes de notre départ !

Vendredi 5 juillet - Port Jefferson, Long Island Sound, NY - 1100TU
NEW YORK
Nous avons quitté New York avant hier... Difficile de faire le point sur tant de sentiments mélés par cette ville exceptionnelle. Comme un bon roman, on peut la visiter à tout âge avec la même fascination. L'architecture, les trotoires bondés tour à tour de touristes ou de business men en flanelle grise avec le sac en bandouillère. Nous jouons le jeux des banlieusard: la marina - Liberty Landing - se trouve dans le New Jersey, de l'autre côté de l'Hudson River. Pour rejoindre Manhattan, on prend le petit ferry jaune le matin et on débarque à Battery Park pour se lancer dans le labyrinthe du Subway. Le soir, le dernier est à 1945H mais qui peut quitter la ville aussi tôt ? Donc on rentre par le Path sous la rivière et on se retrouve à Jersey City, déjà provinciale. Dès le premier jour nos pieds sont ruinés: cloques et rougeurs. On marche tant par ici. D'une attraction à l'autre, qui n'est qu'à quelques blocs. Promenade à Central Park, visite de quelques musées, tavernes et bars, la vie du touriste émerveillé. On se déplace dans le bruit assourdissant du métro où l'on presse le pas. "Stand clear of the closing doors" et hop, c'est reparti pour de nouvelles aventures. Les tablets et autres smartphones ont remplacé les journaux. Reste les livres, généralement sérieux. Parfois aussi les romans à l'eau de rose aux couvertures criardes. Ou encore les yeux perdus, rêvent-ils de campagne ? La ville est grouillante mais tout est fait pour le repos de l'oeil: les facades ne sont pas défigurées par des enseignes commerciales (excpetion faite de Time Square !). Le jaune uniforme des taxis, les espaces verts, tout concoure à cette belle harmonie. Energie formidable, inspiration permanante. C'est ici que ça se passe et ça se sent ! Affaires, art, tendances, on est au milieu du flot cosmopolite. Ici, tout le monde est étranger mais construit ensemble ce dynamisme. Nos quartiers préferés étaient bien entendus Soho, le Village, Chinatown et little Italy mais la découverte de cette visite nous a conduit dans l'Est: Meatpakking district et Chelsea. Spécialement la "high line", voie de chemin de fer désafectée et transformée en promenade d'altitude donnant sur les quartiers post industriels en rénovation bobo. La finesse est d'avoir laissé les herbes et fleurs sauvages et les avoir integrées à l'architecture d'avant garde. Beaucoup d'endroit pour s'assoir et des visions délicieuses: cette belle blonde aux lunettes de soleil de star qui lit à demi couchée sur une sorte de chaise longue en bois. Le titre du livre: "Why people make mistakes"... C'est toujours difficile de quitter cette ville. A vingt ans, je me souviens avoir pleuré à JFK. Cette fois ce fut formidable, sous grand voile haute et génois, de tirer son bord le long du World Trade Center et de remonter l'East River vers le Long Island Sound. Nous voilà partis en croisière estivale en Nouvelle Angleterre. Climat parfait - presque trop chaud - petites navs et escales charmantes. Mais la grande nouveauté est d'avoir à bord ME et NA ! Deux des trois jeunes filles qui composent le nom du bateau, Mélusine et Bettina...
Deux jolis poissons mordent sous spi dans le Sound et notre repas de l'Independance Day est assuré. Plus qu'à aller chercher deux bouteilles de vin blanc local et quelques glaçons pour les raffraichir. Elle est pas belle, la vie ? Jeudi 27 juin, 0830TU, aux abords du port de New York ET NON ! Le moins qu'on puisse dire c'est que tout ne fut pas si simple... On voyait déjà un long fleuve tranquille nous conduisant à New York, c'était sans penser qu'une telle escale se méritait autrement. Un nuage en roulaux, extrèmement spectaculaire nous barre la route au coucher du soleil et les premiers éclairs l'accompagnent. On affale la GV rapidement, craignant de violentes rafales. C'est alors qu'on rentre dans la grosse marmite: plus allumé qu'éteind, comme dans les vieux films des années '40 où le metteur en scène prévoyait que l'on puisse suivre l'intrigue de nuit sans réverbère ! Enormes averses, trombes d'eau, vent erratique en force et en direction. Pendant plusieurs heures, de tout côté, environ un éclair toutes les deux secondes. Impossible de savoir auquel appartient le coup de tonnerre... Notre progression est bien ralentie et nous sommes à l'abord du chenal d'accès contre courant, comme de bien entendu... Maintenant, l'aube pointe et il ne pleut plus. On se demande ce qui va encore se passer d'ici l'arrivée... La statue de la Liberté n'est plus qu'à 11 miles.

Mercredi 26 juin - 39° 15 N 073° 01 W - 0500TU
LES JOURS SE SUIVENT...
Et ne se ressemblent pas. Si hier était une fort mauvaise journée de voile, aujourd'hui en est vraiment une très bonne ! Au matin, grand nettoyage du bateau pour ne pas faire peur aux services d'hygiène de l'immigration américaine puis renvoi des ris, larguage du ballaste, envoi du genak sur une mer plate et un grand soleil. Petits bricolages et soudain zzzz ! Le bruit du moulinet qui s'emballe: un joli thon jaune que Denis et Marc Antoine ramènent avec un large sourire. Le dernier repas de cette traversée sera festif: sushis de thon suivi d'une poelée ... Et pour couronner le tout une petite dizaine de dauphins communs viennent nous dire bonjour et jouer à l'étrave grisés par notre belle vitesse. Une vraie journée de rêve avec en point de mire l'entrée dans la Hudson river.

Mardi 25 juin - 37°12 N. 071° 35 W - 0700TU
CINQ NOEUDS!
Ce n'est que le vent ait forcit, c'est que nous avons rejoint une zone où il a toujours soufflé. Hélas dans des sens très variés sans doute ce qui donne une mer épouvantable: plus courte que la mer du Nord, aux vagues pyramidales que nous devons escalader au près serré. En effet le vent de SW annoncé s'est avéré plutôt Ouest et nous avons tiré au près depuis maintenant 24 heures avec des chocs impressionnants sur la pauvre coque. Mais le vrai problème est le fameux Gulf Stream ... Il devrait nous porter vers le Nord et il descend vers le Sud... à 5 noueds ! Nous faisons 8 noeuds sur l'eau et 3 sur le fond... Terrifiant. Il nous reste 240 miles, et ça tape. Il n'existe aucune alternative de route. Autant dire que le moral n'est pas au beau fixe. On se demande comment on aurait pu le prévoir, l'anticiper. Au vu de la météo, notre option était juste: faire une course obliquant vers l'ouest pour se menager du bon plein. On est parti au moteur à plus de 30° de la route... Ce qui est sûr c'est qu'on aurait du cuisiner les gentils régatiers américain rencontrés aux Bermudes. Ils doivent connaitre leur Gulf Stream. Ce ne peut pas être une telle roulette russe... D'autant qu'on imaginait un raisonnable bonus de 1 à 2 noeuds... On est d'accord que la voile c'est comme les échecs, le bol n'intervient pas. Mais tout de même... Allez, on en rira bientôt quand on aura trouvé la veine inverse, que dis-je la veine, l'artère !
Plus tard, le même jour, Voilà, comme tout, ce courant a fini par s'estomper. Pas de façon spectaculaire, petit à petit. On nous vole toujours un petit noeuds, d'ailleurs. Je dois confesser une véritable colère pendant ces heures passées à plein pot sur l'eau et à des vitesses ridicules sur le fond. J'ai même appelé Sylvie, certain qu'elle aurait une explication voire une solution. Preuve d'amour de téléphoner mais de bétise de raloter qu'elle ne puisse inverser ce courant...
Le vent, par contre, est plus doux qu'annoncé et la mer s'est rangée. Bien que le ciel soit parfaitement dégagé, il fait très humide. Le climat a vraiment changé. Nous voilà revenus à nos latitudes, je viens de remettre la polaire ! La nuit prochaine sera sans doute celle de l'arrivée. Si tout continue on dervait approcher la grosse pomme sous la lune.

Lundi 24juin - 34°14N 067°38W - 0300TU
QUAND LE VENT REVIENT...
... Tout reprend vie ! On coupe le moteur après 29 heures et on réalise alors combien ce bruit régulier était fatiguant. Dernière baignade avant d'envoyer. Rafraichissante car la température dans la cabine dépasse tout de même les 33°. Recherche de vitesse tout l'après midi: on fait la vitesse du vent. 3kts de vent, 3kts de vitesse, 4 kts aussi. Enfin dans la soirée le vent forcit à 7/8 kts toujours au près bon plein. Quelle délivrance, quelle douceur de glisser sur cette mer plate.

Dimanche 23 juin - 33°19 N 066°08 W - 0600TU
HORSE LATITUDE
Déjà 20 heures que ce moteur tourne. La pétole est totale, la mer d'huile. La pression en légere baisse cependant est bien celle de l'Anticyclone des Bermudes-Acores qui barre l'Atlantique pendant la période estivale. Nous sommes dans ce que les anciens appelaient les "horse latitude". Les vaisseaux d'antan transportaient des chevaux et lorsqu'ils étaient encalminés pendant des semaines les pauvres bêtes ne pouvaient plus être abreuvées et nourries. On jetait alors leurcadavre à la mer et ils restaient flotter longtemps. Spectacle désolant de ces animaux gonflés qui dérivent sous le ciel figé dans une eau qui l'est tout autant. La journée d'hier fut calme: lecture et baignade par 4500 mètres de fond dans une eau d'un bleu profond. Cette nuit la lune est pleine, elle s'est levée dans le sillage pendant que le soleil se couchait à l'étrave, dans un décor de nuages arrêtés. Elle éclaire maintenant comme en plein jour. Le Flying Penguin, un Najad que nous avons vu à Saint Georges hier matin, nous rattrape.

Samedi 22 juin - Sortie du port de St Georges- Bermudes - 1400TU
BERMUDA
Nous voilà reparti des Bermudes. Les îles sont plates et coraliennes et largement débordées par un récif qui en rend l'accès délicat. L'entrée étroite du lagon de Saint Georges a été creusé à la dynamite. Le chenal est arboré et conduit au quai municipal auquel nous venons de passer cinq nuits. A l'avis unanime de l'équipage, cela suffit ! On a sillonné l'île en bus, de Hamilton au Naval Fort en passant dans une campagne très construite de petites maisons aux toits blancs et aux facades colorées. Un peu Disneyland... Cossu et très américain. Le coût de la vie est vraiment prohibitif ici. Pas moyen de s'assoir pour un snack à moins de 30 dollars, les courses d'alimentation font peur également. L'immobilier est à l'avenant et le ballet des jets privés venant de la côte américaine conduit les businessmen à leurs entreprises boite au lettre. Dans le downtown de Hamilton, on les croise en tenue de ville: blazer bleus, chemise blanche, cravatte de fantaisie mais surtout le fameux bermuda, les longues chaussettes blanches et les chaussures impeccablement cirées. Tout est propre et léché, un peu asceptisé, sans doute, mais l'eau est bien bleue et les lumières du couchant adorables. En visitant nous sommes aussi tombé sur le terminal des cruise ships et leurs flots d'américains ( très) moyens, vieux et ventripotents, titulaires de ces fameux fonds de pension et déguisés en touristes. Ils parcourent le monde de mall en mall, de Coca en hamburger et doivent cocher "done" chaque escale de leurs périples tropicaux. Il faut un sacré moral pour espérer encore pour la nature humaine après avoir vu çà. Dire que ce eux qui gouvernent le monde... Pas vraiment de marina à Saint Georges mais un Yacht Club plutôt accueillant et des gens charmants. Peu de bateaux, la saison est déjà avancée. Deux copains italiens sur un bateau en acier pourri, un couple de danois qui ne doivent pas toucher les 50 ans à deux, des américains obèses sur leur fifty et le convoyeur français d'un Lagoon tout neuf à livrer aux Etat Unis. Ce petit monde se retrouve comme en pélérinage autour de la borne wifi du Club. Seul bémol, pas de douches dans ce port... Même pas de tuyau qui traine, d'ailleurs rien ne traîne, par ici. Nous avons quitté le fueldock tôt ce matin après un plein bien nécessaire au vu des conditions qui nous attendent. Le baro est à 1026 Hpa et ne devrait pas bouger pendant une semaine sur les îles. Il faut s'en écarter au moteur, pour environ 200 miles... En sortant, la vision est singulière: l'océan est tout à fait glassy, pas une ride ni une ondulation. Les Bermudes ne sont plus qu'un petit trait sur l'horizon et nous voyons toujours le fond, par 15 mètres. Dans le ciel, de grandes formations de cumulus sont immobiles et se reflètent dans le miroir de la surface. Nous avons décidé un cap légèrement au Sud de la route directe pour chopper le vent sans doute plus tôt et plus portant... Mais ce sera une autre histoire, pour le moment l'anémomètre n'annonce en effet rien d'autres que nos 5 petits noeuds réalisés à grand renfort de diesel.. Quelle émotion en encodant comme waypoint dans le GPS du bateau la base de la statue de la Liberté ! Comme celle d'hier dans le bureau des douanes de sa gracieuse majesté, lorsque le préposé nous a demandé:
- What is your next port of call ?
Et de répondre : New York
- You mean New York, USA ?
- Yeah !
Quelle fascination cette ville dégage-t-elle ! Dans la chambre de mon pote au collège, il y avait un poster du skyline de New York au crépuscule. On rêvait d'elle. Comme de la terre promise. The city that never sleeps. Le croisement des mondes. L'endroit le plus cosmopolite de la planète. D'y avoir séjourné souvent depuis n'a rien altéré de son charme. Elle reste la ville par excellence, celle du rêve américain, celle des inégalités, où le meilleur cotoie le pire. Les images des sixties remontent: les cadillacs démesurées, Frank Sinatra et Liza Minelli, l'Empire State Building, les beaux magasins de la cinquième avenue, les bouches d'égout qui fument, les joueurs de basket dans leur cage de grillage, les promenades à Central Park et bien sûr, perdue dans la brume, la Liberté. C'est elle qui se dessinera au bout de l'horizon, dans quelques jours...

Dimanche 16 juin - 1500TU
Jolis bords de près ce matin. décidément on aura eu toutes les directions de vent pour cette traversée. Toujours très précisément anticipées par Sylvie, d'ailleurs. La mer est bien bleue, l'air frais comme un printemps, le soleil plus doux. Le climat a changé comme naguère au passage du cabo Frio - le bien nommé - prés de Buzios, avant l'arrivée à Rio.
2000TU
Le bateau glisse et se joue des crêtes, trouvant son biais à chaque détour de vague...
Et nous, on kif à mort !

Dimanche 16 juin - 28°44' N. 063°56 W - 0300TU
Quel beau front froid !
Tout l'après midi, l'air avait été lourd et moite. Pas de ciel bleu mais plutôt une brume laiteuse et une chaleur oppressante. A l'heure prévue, comme un rendez-vous, le voilà, ce front. Ciel noir, mer bleue très profond. A mesure que l'on s'approche, on réduit la voilure. Puis, voilà le mur. Le vent tourne à ce point qu'on fait quasiment demi tour sans changer d'amure. Il est glacé et souffle les crêtes des vagues désorganisées par un si rapise changement. Enfin arrive la pluie, qui tombe à l'horizontal, tout aussi froide. 2 ris, trinquette à 12 noeuds, slalomant entre les écumes blanc-électrique. Quand une gerbe d'eau de mer nous saute dessus, elle est délicieusement chaude ! Puis, progressivement le vent molli, le ciel se déchire et nous laisse dans une demi pétole aux vagues erratiques, pour la nuit.

Samedi 15 juin - 26°27' N. 064°15' W - 0100TU
Après la violence du soleil au zénith, l'après midi n'était que délicieuse douceur. la musique choisie, le regard sur le miroitement de la lumière, le vent léger et régulier. La poitrine semble trop petite pour contenir ce grand coeur. L'amour monte des flots, dense, pour la nature tout entière, pour le genre humain. Il est total, englobant. Impossible de le faire passer par le son métalique de ce minable téléphone sattelite. Ah vraiment, je déteste téléphoner depuis le large ! La bouche parle mais comme dans un mauvais film, ne dit que l'inverse que ce que le coeur porte. Quel paradoxe que cette voix qui parle à l'être aimé sans que rien d'humain ne quitte ce bateau ni n'y arrive, d'ailleurs. Il n'en ste qu'un malaise, une frustration. Comme celle d'un geste tend qui se serait perdu.
Par écrit, par contre, le choix du mot porte le sentiment. Son rythme lent et précis offre la délicatesse de sugérer sans imposer, d'être lu et compris selon le goût, létat d'esprit voire l'emploi du temps du lecteur. Expression de la pérenité, on le lira à s'naise, quand on le sentira, ou pas ... J'aime l'image de la boite: on l'ouvre sans contrainte. C'est le lecteur qui choisi quand et où. Et le scribouillard est en paix, il a transmis. Bien sûr, il arrivera autre chose que ce qui est parti. Comment un message écrit au milieu de l'océan pourrait-il être compris de la même manière au milieu d'une grande ville u d'une verdoyante campagne ? Ca n'a pas d'importance, si le le texte est juste -et sincère- il ouvrira d'autres portes. La balle aura changé de camp.

Vendredi 14 juin, 0750TU
Quand les souvenirs sont trop présents et trop proches, ils empêchent de vivre l'instant. Quand on a été aussi loin dans l'intimité large comment se réjouir de cette simple vague. A ce titre, loin d'être une force, l'experience devient une véritable infirmité. Il va falloir la briser pour renouer avec la fraicheur du débutant, de l'enfant qui s'émerveille. Car tout est différent, toujours. Les nuages, la couleur de l'eau l'esprit des équipiers, le mien. Que les ingrédients se mélangent et se fondent pour livrer une crême onctueuse et sucrée ! Mais déjà le jour se lève et la lumière jaune-orange chasse les lassitudes de la nuit.

Mercredi 12 juin, 1500TU
DEPART ...
On cherche la précision des gestes et des déplacements dans la mer formée et le vent plutôt fort. La sortie de la marina est très impressionnante: l'étroit passage entre un récif de corail sur babord et la plage sur tribord. En plus, peu d'angle pour gonfler les voiles. Pendant quelques minutes on est vraiment tributaire du fonctionnement du moteur...
On passe au vent de Tintamarre et d'Anguilla qui est débordée par un un grand plateau rocheux qui déferle. Un premier bord au près agité et mouillant. En allumant l'ordinateur du bord, on recoit un bel écran noir assorti d'une phrase dont Microsoft a le secret: file not found et à la ligne suivante le fameux "C:" qu'on croyait pour toujours relégué au musée de l'informatique... Reste l'Ipad pour la nav mais hélas rien pour commander les datas de l'iridium et du Standard-C. Seul ce téléphone satelite, qui donne une voix de Terminator mal réglé. Le lien si ténu avec la terre s'est encore distendu. Nous voilà encore plus seuls.

Mardi 11 juin, Oyster Pond - SXM
L'ARRIVEE SUR LE BATEAU...
L'arrivée aux Antilles a un gout curieux cette fois. Un peu "hors saison". Il fait gris. Pas le gris d'un grain, non, celui de l'automne belge, la chaleur mise à part. "Ils sont presque tous partis", constate tranquillement Pascal, le placide capitaine du port d'Oyster Pond où Merena vient de passer deux mois. On y parle de saison cyclonique. Les commerces sont entrés dans leur long hiver, tout va se ralentir ou s'arrêter quelques mois. Il pleut souvent et longtemps. La terre, desséchée, se gorge d'eau et le vent réapparait. De notre ballade en voiture dans la partie hollandaise de l'île, on en garde une vision plutôt délabrée, anarchique. Les carcasses de voiture dzns les jardinets, les ordures rarement ramassées, les batiments en perpétuelle construction, oú les fers à béton apparents rouillent tranquillement. Les rues commerçantes ressemblent à celles des bourgades du Middle West américain. Une succession de batiments bas, aux grandes enseignes de pneus, de de laveries automatiques, de fast food et de stations services. Les rayons des supermarchés sont à l'avenant, difficile de trouver des produits qui ne font pas perdre la tête en lisant leur composition... On est loin de La carte postale antillaise de St Barth, pourtant si proche. ...


Mars et avril

ANTILLES - MERENA EN MODE CROISIERE...
A la manière de ceux qui peuvent d'un trait de crayon, d'une lumière de pastel ou par la couleur d'aquarelle rendre l'atmosphère d'une escale, je vous propose, en quelques mots à chaque mouillage, une séquence plus côtière du journal de bord du Merena. Ils seront postés au fur et à mesure...
De la Martinique à Saint Barth en passant par la Dominique et les Saintes, la Guadeloupe Antigua et Barbuda, chaque jour quelques miles, la recherche d'une bouée de mouillage, d'un plaisancier sympa passant à portée de voix pour profiter de son annexe. Sans guindeau, sans davier, sans frigo, sans annexe, la croisière est plus "roots" mais pas moins sympathique. Plus la vie est simple, plus elle rapproche de nos congénères. A l'echo du grand large succède les impressions quasi touristiques - voilà un bien vilain mot. On explore plus les Antilles mais la vie y est malgré tout assez douce, les couchers de soleils charmants, l'alizé bien pratique...

Le marin, Martinique
C'est souvent là que tout commence et que tout finit. De Regis Guillemot à Valérie de Cacao en passant par le grand ketch de mon oncle et ma tante, le carnet de bal est bien rempli. La douceur antillaise, les senteurs de l'île aux fleurs, la force du rhum qui coule a nouveau dans nos veines comme le souvenir d'un temps passé et heureux. Et pourtant les travers restent. On retrouve ces pontons où les bateau ne bougent plus, où le petit matériel a envahi perfidement le pont empêchant toute navigation. Les voiliers barakis. Les amarres ont séché puis noirci. La peau grillée, ils sont devenus les habitants d'un grand camping, à la recherche d'un petit boulot qu'ils auraient méprisé en métropole. Juste pour tromper l'ennui ou la misère. Bien sûr ils flottent, ce qui semble leur dernier lien avec l'océan, qui les a pourtant porté jusque là. Amitiés et médisances d'un ponton à l'autre, rouilles et étoffes élimées ont pris les rêves de grands espaces au piège.

La grande Anse d'Arlet, Martinique
Ou la fausse bonne idée... Comment d'un mouillage qui était probablement un des plus sympathique de la Martinique, ils en ont fait un simple parking ? Pour préserver l'herbier, faciliter le mouillage, accueillir les plaisanciers de Fort de France le dimanche, ils ont mis quelques dizaines de bouées. Jusque là, plutôt bien. Mais hélas, elles sont gratuites !! L'effet est immédiat: les bateaux y sont rapidement stocké à long terme. Cela "pousse le penchant où le coeur est enclin"! La belle ambiance de ce mouillage où se croisaient tout ce que la mer porte (frimeur en cigarette, tourdumondiste, day-charter, yacht cossu, ...) s'y retrouvait et animait les lieux d'une gentille movida. Nous prenons une bouée entre des bateaux dont les seuls habitants sont des oiseaux qui souillent les taux de leur fiantes... Seule réminissence, le fier voilier du père Jaouen est à sa place.

St Pierre, Martinique
Le petit Paris des Antilles s'est arrêté de vivre un matin de 1902 quand la montagne pelée a détruit la ville, tué tout ses habitants, coulé tout les bateaux dans la rade. Et nappée dans le brouillard elle est toujours là. Jamais la ville n'a retrouvé son lustre d'entan, écrasée par son si lourd passé. Les jeunes dealent tranquillement et modestement sur la place, les habitants vivent, les murs noirs se souviennent. Une ville en sépia. Modiano aurait aimé. Moi aussi.
Porthmouth, Dominique
Pas d'objectivité dans le tourisme ! Plutôt une foule de sensations, de visions, d'odeurs qui parlent. Encore au large, une barque verte et blanche approche, c'est Albert. En Dominique, comme dans beaucoup d'îles anciennement anglaises et maintenant indépendantes, il est d'usage d'accepter les services proposés par les "boat boys", sorte d'agents locaux. En revenant souvent, on prend ses habitudes, on les connait. Albert était notre contact pendant des années. Il n'a pas changé. Toujours sérieux. Opéré et guéri d'une maladie au foie, il semble même avoir rajeuni. Il a quitté sa femme il y a un an et fréquente maintenant une polonaise, qui sert sur le bateau école Frédéric Chopin. Ils se verront désormais une fois l'an pendant les quelques jours de son escale dominicaine.

Terre de haut, Baie des Saintes
Leché, facile et doux. Surtout la dernière heure avant le coucher du soleil. Les touristes à la journée ont rembarqué dans les navettes guadeloupéenes, le calme est revenu. La lumière est unique. Au fort Napoléon qui n'a (heureusement) jamais servi, les iguanes ont presque entièrement disparu mais la vue ravit toujours. Au Nord, l'imposante stature de la soufrière de guadeloupe et le canal qui moutonne, à l'Est, l'anse de Marigot aux fonds clairs et au Sud la 3eme baie du monde bordée par l'ilet Cabri, le pain de sucre et, au fond, Terre de Bas. Dans le bourg, les vieilles saintoises vendent encore les "tourments d'amour", sorte de biscuit dont le nom est bien plus doux que le goût. De plus en plus vieilles, et bien qu'elles soient natives, elles dépareraient presque dans cet univers pimpant, moderne et coloré.
Depuis sept mois une femelle dauphin et son petit ne quittent pas la baie et nagent autour des bateaux mouillés. Un souffle nous prévient de leur présence. Que font-ils ? A quoi pensent-ils, eux que la nature a gâté d'une telle supériorité par rapport à leur proie qu'ils peuvent se préoccuper d'autre chose que de leur pitance.
Ils n'ont pas besoin de nous, ils n'attendent rien ou - peut-être- seulement de l'attention, de l'amour ? On peut se mettre à l'eau sans s'approcher. Ils viendront, si l'on a le coeur pur !

Marina bas du fort, Pointe à Pitre, Guadeloupe
De mouillage en mouillage on retrouve des paysages connus, des lumières familières voire même des visages de marins, rencontrés au gré des années d'escales, ici et ailleurs. Peu de vraies surprises mais plutôt des bonheurs confortables. Un peu de vague à l'âme en croisant des jeunes couples veillants sur des petits enfants voires sur des bébés. Jeunesse, espoir et fragilité se lisent sur les visages bronzés et nous émeuvent. Profitez-en, ils grandissent vite ! Apéros sur des voiliers rencontrés ailleurs, nouvelles têtes aussi, autres destins, autres aventures. Ceux qui bougent se retrouvent et la simple récurrence des rencontres créée des amitiés furtives, sans rendez-vous. On a confiance dans la mer, on se reverra ailleurs, plus tard. Ou pas. Les marins s'en vont toujours. ...

Antigua.
L'île commence par un coup de téléphone passé du large. En anglais. On cherche une place à quai à English Harbour ou à Falmouth Harbour, les mecques du yachting à l'anglaise dans les Antilles… Si votre heure d'arrivée est après 1730H, il faudra payer une surtaxe de 40 USD plus 20 USD de l'heure. Surtaxe par rapport au prix du port: 1,5 USD du pied, du jour. Sans compter la cotisation à la réserve naturelle, le cruising permit, la taxe portuaire, la clearance de douane, … j'en oublie surement. Mais eux pas. Ils n'oublient rien. Le riche étranger qui entre dans les eaux territoriales de l'état souverain d'Antigua et Barbuda est immédiatement pris pour cible et le tir nourri et organisé par les divers pouvoirs publics et parastataux fait mouche. On peut se demander si le calcul est vraiment bon à long terme… Pour les petits plaisanciers assurément non mais pour les super méga yachts - et y a ! - un peu plus un peu moins… Le A, par exemple est une embarcation de 119 m de long, qui ressemble plutôt à un navire furtif à l'étrave inversé. Le lit de son heureux et russe propriétaire peut tourner à 360° pour trouver le meilleur point de vue sur la baie et le toit de la disco du bord est simplement… le fond transparent de la piscine… Quel bon gout. Ceci dit, il y a aussi de très jolis voiliers aux bois vernis, des vieux bâtiments qui témoignent du glorieux et militaire passé de cette baie mythique. Des plages merveilleuses aussi. Avec certainement une taxe spéciale sable et corail.

Ah, Saint Barth !
Saint Barth n'est pas le Saint Tropez des Antilles. A Saint Tropez, il y a les riches et les pauvres qui regardent les riches. Là non, pas de pauvres. Tout est très facile, très détendu. Pas de frimeurs, ce n'est même plus nécessaire. Les yachts, les maxis, les magasins de luxe, les minis décapotables, tout çà ne résiste pas au charme de la petite bière prise au Select, sous les arbres, en tongues. On peut laisser son appareil de photo traîner sur un banc public, les clefs sur le contact, sourire à tout le monde, tout le monde est beau, bien bronzé, heureux. La caricature est omniprésente et pourtant, très honnêtement, c'est vraiment chouette ! Le plus incroyable, c'est l'affabilité des gens. Ici on est vraiment cool. Les gars de la capitainerie, l'organisation de la course, les commerçants, les rentiers, les touristes: pas d'agressivité, pas d'arrogance. En plus l'île est belle. Il y a de superbes plages et autant de paysages impressionnants. Des villas, des piscines à débordement. Sans tomber dans le mauvais gout. Belle réussite. L'île est gérée comme une entreprise et elle appartient à quelques familles qui s'entendent pour distiller les terrains et maisons aux stars internationales, spécialement américaines. La voile y est évidemment bienvenue, surtout si le bateau est joli et bien tenu. Il n'est même pas besoin de laisser-passer pour venir (à part dans certains night clubs, merci Lolo !).

Les Voiles (de Saint Barth)

C'est comme celles de Saint Tropez, mais c'est plus familial. Le jury se tourne les pouces, personne ne proteste. On préfère le bleu de l'eau que le rouge du pavillon. Et pourtant les gros bras sont là, les bateaux affutés. Petits et grands, ils ont engagé des colosses pour l'embraque et des stars pour la barre ! Sportif et sérieux mais aussi festif et détendu. On tire des bord dans le champagne… Les parcours sont vraiment scéniques: les marques de parcours sont pour la plupart des îlots de l'archipel, très volcaniques, que l'on peut frôler à quelques mètres. L'alizé, soutenu, rafraichit et masque le principal danger: le coup de soleil. Les régates s'alternent avec des soirées musicales, des longs apéros, des feux d'artifice, des petits déjeuners offerts par l'organisation… Et quelle organisation: pas une fausse note, pas un retard. Du très sérieux en restant accessible et cool. L'équipage du Merena détonne dans cet univers pro: pas d'ados sur les autres bateaux. Chez nous, 4. Et en plus qui semblent vraiment apprécier la régate. Quelle joie ! Bien sûr, il y a des progrès à faire, des automatismes à créer, des procédures à établir. Mais l'essentiel n'est-il pas le goût: celui du dépassement de soi, de l'engagement, du travail d'équipe. Le bateau avance toujours à la vitesse du moins rapide… C'est lui qu'il faut encourager, motiver, stimuler. Tout cela dans le plus beau des cadres: soleil, mer très bleue, admirables concurrents, parcours spectaculaires…

Oyster Pond
Dernière petite traversée (encore au portant !) vers Saint Martin. L'île aux deux visages. La France et la Hollande, disons surtout l'Amérique: dollars, hamburgers, happy hours. La marina dans laquelle se repose maintenant le Merena est exactement sur la frontière. C'est une importante base de départ pour Moorings et Sunsail. Ils occupent quasiment toute la marina et dictent leur loi d'efficacité, de professionnalisme. Notre fier coursier a passé deux jours d'intensifs entretiens, nettoyages, protections afin qu'il passe les deux prochains mois sereinement en attendant nos retrouvailles estivales qui l'emmèneront vers le Nord. Les Bermudes, New York, le Canada et enfin le retour vers la vieille Europe…

Dimanche 24 février, 13°45N 059°10W, 09:00 TU
BEAU DIMANCHE...
...pour la saison. Encore une belle journée à glisser sous genak dans l'alizé. La dernière de cette traversée. Tout à l'heure on devrait voir apparaître Sainte Lucie sur notre bâbord et la Martinique sur tribord. La seule question, qui est d'ailleurs l'objet de toutes nos conversations: sera-t-on amarré avant la fermeture des bars ? Bière fraîche ti-punch, accras, boudins, ... représentent de belles carottes pour conserver une belle vitesse. Nous ne manquons pourtant de rien mais le frais se fait rare. A part un morceau de parmesan, quelques œufs et un demi chou blanc pour la salade de midi, le reste est plutôt de longue - voire très longue - conservation. On ne sera pas mécontent de briser le cercle infernal riz-pâtes. Avant de ranger le clavier, je voudrais remercier mes chers équipiers pour leur bon esprit, leur science de la navigation et leur très agréable compagnie. Cette traversée, plus longue qu'il n'y paraissait au départ, était intéressante d'un point de vue nautique. Départ sur les chapeaux de roues avec alignement de plusieurs journées au delà de 200 miles par 24H puis coup de frein pour le pot au noir et enfin une route en arc de cercle pour ménager une distance suffisante de l'embouchure de l'Amazone et de ces OFNIS, pour éviter de terminer trop au près sans grand voile et pour ne pas se jeter dans la gueule des pirates vénézuéliens...
La suite du programme ? Douces navigations côtières entre les îles des Antilles! Ouvrons la boîte à souvenirs de toutes ces années passées faire découvrir la beauté des îles à tant d'équipages...

Samedi 23 février, 12°39N 055°36W, 03:40 TU
DES MARINS...
L'alizé s'est alangui sous la toile blanche du genaker. La grand voile, hélas, ne participe pas a la belle glisse de cette fin d'après midi, faute de drisse valide. Le tableau est idyllique: le ciel, lavé, fait circuler de petits nuages blancs aux formes suggestives: un visage, un animal. La mer s'est calmée de sa grande houle et les mouvements sont plus lents et doux qu'à l'accoutumée. Avec la nuit, la douceur a continué dans la lumière de la lune. L'air est frais mais un simple t-shirt suffit. Dans moins de 48 heures nous devrions voir apparaître les lueurs de la terre... Les mêmes qu'il y a exactement vingt ans... Vingt ans que le Setra, avec Steve et Pinky, approchait de la Martinique. Nous étions en panne de quasi tout et surtout de barre mais nous étions euphoriques: nous l'avions fait, nous avions traversé l'Atlantique. 2000 miles depuis le Cap Vert. A l'époque le port du Marin n'existait pas et nous avions contourné l’île pour entrer dans la baie de Fort de France. Épuisés par tant d'émotions, nous nous étions endormis et nous l'avions dépassée ! Même si l'eau a beaucoup coulé sous les étraves depuis, on n’oublie jamais l'arrivée de sa première traversée. On avait vingt huit ans et on était fiers. On était devenu des marins.

Jeudi 20 février, 10°43N 51°11W, 06:30 TU
FLOWER POWER
Grands espaces, grandes émotions, grands sentiments. On rêve de paix et de fraternité universelle. Freedom now ! I had a dream ! Que fleurissent les fleurs sur les capots des bus Volkswagen et sur la coque des bateaux. On communie avec cet enthousiasme, cette fraîcheur, cette pureté de la fin des sixties: plus de violence, de haine, d'exclusion, d'abus de pouvoir, de torture. Ils voulaient vivre autrement, plus simplement, plus proches de la nature. Si l'histoire les a vite rattrapé en déchainant plus de violence encore (Weatherman, black et white panthers), si les protagonistes de l'époque ont laissé tombé leurs joints et leur couronnes de fleurs pour des calculatrices et des villas quatre façades, ils avaient pourtant raison. Nos altermondialistes et autres apôtres du bio actuels n'ont pas leur charme. A la conviction que l'amour pouvait changer le monde s'est substituée une sagesse triste, mature, réfléchie et sans véritable espoir: agissons maintenant, bien qu'il soit sans doute déjà trop tard... Les derniers des Hippies ont du partir, s'extraire pour vivre leur idéal. Les Cévennes, la route ou le grand large. Del Vasto, Kerouac ou Moitessier. Le bonheur et le salut ne serait-il pas tout à fait atteignable dans la société ? S'extraire du ronronnement pour sauver son âme, tout simplement. Et ne laissez jamais un sourire narquois couper vos aspirations, l'homme n'est grand que par ses rêves.

Mardi 19 février, 7°50N 46°36W, 09:00 TU
JACUZZI
Déjà une semaine de mer depuis Recife et encore 1000 miles d'alizé à glisser. La mer est formée, il y a même un high surf warning sur inmarsat. On saute d'une crête à l'autre au vent de travers ce qui donne un cockpit extrêmement mouillant et un intérieur très chaud, vu que l'ouverture d'un hublot est hasardeuse, j'en ai fait les frais tout à l'heure: dormant paisiblement je reçois un gros seau d'eau pile sur la figure, ca surprend. Le vent est toujours aux alentours de 20 nœuds et nous grapillons toujours vers le Nord pour se ménager une dernière partie plus portante. Le soleil est généreux mais, grâce au vent, on ne souffre pas de la chaleur. La mer a toujours son bleu profond, truffé de poissons volants. On en voit absolument tout le temps. Il y en a des millions, ce qui laisse présager les prédateurs du dessous. Apres avoir cassé toutes les lignes de pèche les unes après les autres, on s'est résigne a l'ouvre boite, qui fonctionne très bien, lui. En plus il parait que le poisson, c'est plein de métaux lourds, très mauvais pour la santé. Rassurez-vous, on ne risque rien de ce côté !

Dimanche 17 février, 5°34N 043°31W, 22:45 TU
BAGNE
Passé la latitude de Cayenne - à 500 miles au large. Après Sainte Hélène, ça en fait des bagnes. Manque encore Fort Boyard et Alcatraz et on aura fait le tour de la cruauté humaine. La mer n'en garde pas le souvenir, heureusement. De ces bateaux négriers, des pratiques atroces des marines traditionnelles. Et pourtant, me revient à l'esprit la scène de l'antichambre du bureau de l'immigration à Cape Town. Nous avions le malheur de passer après l'équipage d'un cargo au complet. L'agent avait centralisé les documents d'identité des marins et l'officier les appelait les uns après les autres. D'un geste. Quel geste. Savaient-ils seulement lire? Ils signaient pourtant. Asiatiques, mal nourris, sales, en bottes de plastique par 30 degrés à l'ombre. Un vieux survêtement comme pantalon et un sweatshirt hors d'âge, élimé à souhait. Vous avez dit esclavagisme? Tant de grâce dans la houle et les aubes délicieuses, tant de misère si proche et si méconnue. Le ballet des dauphins chassant en groupe, la pureté de la ligne d'horizon après le grain, nos traversées d'agrément ne peuvent nous faire oublier tout cela. Comment allons-nous faire?

Samedi 16 fevrier, 2°45N 40°13W, 09:10TU
RODNDIJUU!
On a (re) cassé la drisse de grand voile... Elle s'est à nouveau sectionnée au point d'attache en tète de mat... Vraiment curieux, il n'y a pourtant pas de ragage, le bout n'est pas trop vieux, vraiment on s'interroge. Hélas les conditions de mer sont trop agitées pour espérer repasser une nouvelle drisse. Hier nous avons essayé par deux fois et conclu que c'était trop risqué.

Nous revoilà donc sous voile d'avant seule. On alterne génois et genaker selon la force du vent et son angle. Il nous faudrait maintenant un alizé bien Est, sans trop de Nord. On s'applique à grappiller de la latitude dès que possible. Sinon on mange bien, on dort bien et tout va bien à bord... Mais ce c'est quand même bien râlant !

Vendredi 15 février, 01°08N 038°14W, 08:30TU
FAMILIER
A 18:40TU, nous avons passé l'Equateur. Ciel gris et laiteux, mer peu agitée et cependant désordonnée, un vrai temps de mer du Nord. Même pas vraiment chaud. Bien que nous n'ayons jamais croisé dans ces parages, la sensation est celle d'un retour dans notre hémisphère. Comme si ici tout était plus familier, plus facile. Les dépressions et les anticyclones tournent dans le bon sens. Même la destination est familière.

Je me souviens de chaque ponton du Marin, chaque bar de Sainte Anne, chaque coucher de soleil sur le Diamant. C'est un vrai confort de l'esprit que d'imaginer une arrivée si connue. Elle ressemblera à tant d'autres du passé quand nous venions mouiller là, en famille, à la fin d'un charter dans les Grenadines. Il s'y trouvait toujours un bateau ami pour les apéros. On s'y racontait les boires et déboires de nos croisières. Les enfants, encore petits, étaient l'objet de toutes nos attentions. On débarquait en maxi cosi, on bricolait des moustiquaires... Nous étions jeunes et vivions intensément la densité de ce présent. Mais le temps a passé et ils sont maintenant plus grands que nous. Pourvu qu'ils nous emmènent aussi naviguer dans les îles quand nous serons trop vieux pour envoyer la grand voile...

Jeudi 14 février, 00°44S 036°26W, 09:00TU
PETOLE
Le jour s'est levé sur un étrange spectacle. La mer est d'huile, d'énormes et laiteux nuages s'y reflètent, le vent a tout à fait disparu depuis le dernier grain pluvieux de la nuit. Nous avons affalé les voiles, inutiles, pour les préserver des claquements et ragages. Dans le jour naissant, ces toiles mal ferlées, ces bouts dans le fond du cockpit donnent un aspect de radeau de la Méduse, perdu dans cet environnement figé. Nous sommes très proches de l'Equateur.

Bien que les météos que nous recevons sont plutôt encourageantes (E/NE 3 a 5 beauforts), on craint secrètement qu'il ne revienne jamais. On se met à imaginer un monde au calme total, où le vent aurait disparu. Misère. Plus de vent, plus de voiliers, plus de voyages... Mais finalement pour le citadin, qui passe de son appartement à sa voiture, quelle importance ? Le vent ne l'intéresse pas, il ne sert à rien... Si, tout de même, à faire bouger les jupes légères des filles, au printemps naissant... Il reviendra simplement parce que c'est trop joli le bruissement dans les hautes branches, les ridules sur l'eau calme et les froufrous des jupons.

Mardi 12 février 2013 - 04°27S 034°33W - 21:15 TU
ADIEU CABANGA
Le pape a démissionné et nous sommes repartis. Aucun lien. Quitter Cabanga Iate Club a la faveur de la marée haute après une dernière carne do sol et un ultime jus de caja. Épuisant ce carnaval. Entre Recife et Olinda c'est quasi du 24/24. Comment font-ils? Une belle jeunesse en tout cas, une énergie qui nous laisse pantois.
C'est donc dans les effluves de bière et de samba que nous avons hisse la grand voile et avons franchi les jetées. Autre décor: bon plein, vent soutenu, mer formée, embruns empêchant d'ouvrir les hublots. Grosses formations nuageuses aussi. Si tout cela n'est pas très confo, c'est au moins efficace: 217 miles pour les premières 24H. A notre droite, a 120 miles, Fernando de Noronha et déjà derrière nous le coin du Brésil, le cap de Sao Roque. Restent 1940 miles pour la Martinique et un jeu très ouvert. La grande question du bord est maintenant: où passer l’équateur pour être le moins gênés par les orages, grains, rafales, ... On suit d'une météo a l'autre la position de la zone intertropicale de convergence, là où les deux alizés se neutralisent et où il ne fait pas bon naviguer.
Nous avons la joie de naviguer avec Sylvie qui, d'ordinaire, est derrière les modèles météo et les photos satellites... C'est Christian Dummard qui prend sa relève et qui nous guide. Un peu comme demander à Bjorn Borg ce que c'est qu'un Tie Break ! Un grand honneur dont nous allons nous rendre digne par une belle route et de beaux réglages...

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Vendredi 8 février 2013
-
08°04S 034°53W- 0845ut
AU PORT DE RECIFE
Merena est au Cabanga Yacht Club de Recife

Lundi 4 février 2013 - 08°46S 033°17W- 0845ut
SENTIMENTS MELES
Fine pointe de l'aube qui envoie des lumières
délicieuses. Ainsi s'achève la grande boucle dans l'Atlantique Sud. Il aura été bien clément. Des milliers de miles avec 15 noeuds de portant sous le soleil la journée et les étoiles la nuit. Peux-t-on rêver traversée plus agréable ? Peu d'animaux par contre et vraiment personne. Sentiments mêlés a l'idée d'arriver. Bien sur chacun rêve de viandes saignantes, de longues douches, de vins fins, de cocktails glacés mais chacun connaît aussi la valeur de ce que nous allons quitter: ce grand large si inaccessible et exclusif. On espère et appréhende en même temps la ligne de gratte ciel brésilien.
Pour ceux qui aiment les chiffres, nous aurons fait environ 3900 miles depuis Cape Town, ce qui représente un détour de 10 pourcent par rapport à la route théorique. C'est la valeur de l'aller/retour du Cap Vert aux Antilles... 22 jours de mer, 90 bouteilles d'eau minérale, 48 litres de diesel, 90 pommes, 3 choux blancs, 2 bouteilles de Nivea écran total, quelques kilos de riz, une quinzaine de paquets de pâtes. On aura manqué de rien. Une petite semaine d'escale et hop, on repart !
ETA : cette nuit, idéalement vers 0100TU pour profiter de la pleine mer pour entrer dans la marina peu profonde de Récife...

Dimanche 3 février 2013 - 10°01S 030°25W- 0450ut
ALESSANDRO
On l'a croisé à 150 miles environ, Alessandro Di Benedetto, le dernier concurrent du Vendée Globe. Les conditions sont encore meilleures pour lui avec un vent plus travers. Lui 300, nous 200 miles sur les dernières 24H. Est-ce sa proximité mais l'équipage était goguenard aujourd'hui... Nous aimons son humour et nous nous sentons proche de lui.
Les meilleures de la journée: Que fait Fabiola avec ses vieux vêtements ? Elle les porte. Comment appelle-t-on un chien cul-de-jatte ? On ne l'appelle pas. Tout va bien abord en cette fin de traversée. On ne manque de rien même si quelques légumes frais seraient les bienvenus pour casser le cercle vicieux pâtes-riz. Les conditions météo sont d'une telle régularité dans le bleu que les journées se ressemblent : Hugues barre, Vincent peaufine son régime a base de graines diverses, Mireille gagne au Scrabble (grr). Et moi ? J'ai vu un rorqual commun, na ! On devrait arriver dans la nuit de lundi à mardi et passer quelques jours à Récife avant de repartir vers nos anciennes amours, les Antilles...

Samedi 2 février 2013 - 10°42S 026°55W- 0100ut
PRESQUE RIEN
- Que fais-tu dans la vie ?
- Je suis responsable pour tout ce qui est ... s'ensuit une description d'une variable précision aux relatives limitations ... la distribution de la crème épilatoire MachinChose sur le grand Lubijana.
- Viens voir. Prend la barre sous ce ciel étoilé. Tu n'es responsable de rien. Tu ne peux pas te griser de ça. Tu n'es rien. Presque rien. Dilue-toi dans le tout, c'est ta seule chance. La gloire, l'autorité, l'argent, rien ne vaut ici. Tu es nu, dépouille des attributs de tes appartenances, de tes statuts. Tu ne vaux que par ce que tu penses. Tu n'existes que dans ton immense humilité.
- Fais pas ton malin, n'enfonce pas les portes ouvertes et ne crache pas dans la soupe.
- Mais non, ouvre simplement la fenêtre, coupe la télé, regarde le ciel. Je ne viens pas te faire la morale, justement pas. C'est comme une révélation, faite en secret. Vu d'ici, c'est plus facile à comprendre, ça s'impose même tout seul. Et à tout prendre c'est plutôt une bonne nouvelle: Le presque rien, fondu dans le grand tout, c'est peut-être ça, l'éternité. Celle qu'on nous a promis. Une renaissance. Aussi infime soit-elle, nous l'avons, notre place. Viens, on y est bien.
- Déconne pas, mec. Le soleil a tapé un peu dur aujourd'hui ?
- Oui, tu parles.

vendredi 1 février 2013 - 11°13S 024°39W- 0345ut
ORDONNANCEMENT COSMIQUE
Tout est à sa place. Le ciel, bleu, au dessus. La mer, bleue également mais plus foncée, en dessous. Et nous entre les deux. Le soleil brille, les vagues bercent, les poissons volent. La nuit succède au jour. La lune au soleil. On apprécie cet ordonnancement, on y adhère, on s'y fond. Aucune peur dans le silence éternel de cet infini, au contraire une certaine confiance dans la perfection de ce mécanisme qui nous dépasse, absolument. Le rythme abolit le temps. Tout s'y décline au présent, pas de passé, pas d'avenir. Juste du présent, incroyablement dense. On vit comme une chance d'en faire partie ou au moins de s'en rendre compte...

Jeudi 31 janvier 2013 - 12°55S 022°21W- 0225ut
OBJECTIF 100.000
Le GPS indique 50.000 miles parcouru. En presque sept ans. Les images de ces années fusent à mesure que l'on glisse dans des conditions météo plus que parfaites. Soleil, beau vent portant, mer bleue la journée et voie lactée la nuit. Tout a commencé en arrivant dans le bassin du port de Calais où Destination Calais était amarré. Bernard et moi avons eu la même étincelle, la même certitude.
Tout était neuf pour nous : la voile performante, la course au large, la Class40. Si un bateau est une machine à donner du plaisir, on peut dire qu'on a réussi. Je ne revois que ces visages d'équipiers aux quatre coins de l'Atlantique, souriant de surfer la houle, ces poignées de mains, ces nouvelles amitiés, liées par le grand large. Et toutes ces courses, proches ou lointaines, toutes ces escales de l'Islande à l'Afrique du Sud, du Brésil en Suède. Qu'en restera-t-il sinon les souvenirs émus de moments vrais passés avec vous, mes chers équipiers ?
50.000 mercis car c'est grâce à vous que toutes ces aventures ont été possibles, je le sais, je m'en souviens et sachez que j'en ai chéri chaque instant.
Vive la voile, le vent, l'océan et le Merena ! Qu'il continue à nous porter vers ses 100.000 sourires !

Mercredi 30 janvier 2013 - 13°07S 019°46W- 0350ut
RYTHME
Finalement, ne vaut-il pas mieux quelques emmerdes qu'on arrive à résoudre que pas d'emmerdes du tout, me disais-je en regardant la poulie de l'amure du spi qui à retrouvé du service grâce a un joli mattelotage au bout du bout dehors ? Le grand spi blanc se découpe à nouveau sur le bleu limpide du ciel et nous glissons à bonne allure. Les matinées sont studieuses entre les derniers bricolages et les premières lectures. A midi, c'est l'heure de la salade composée a base de choux blanc améliore de l'une ou l'autre boite de conserve que l'on prend sur le passavant, à la hauteur des haubans, pour jouir de l'ombre des voiles. Puis parties de Scrabble sur Ipad pendant que le pilote gère de gentils surfs. Il faut parfois lâcher la tablette pour bondir et récupérer une trajectoire curieuse, tout de même. 1530H, c'est l'heure attendue du point et donc des scores de la journée: nombre de miles parcourus, en réel et en VMG, commentaires et comparaisons par rapport à ceux de la veille. C'est aussi l'heure de la pomme quotidienne. Rien à faire, est-ce a cause de l'immensité dans laquelle on évolue, où il n'y a aucune frontière, aucune organisation, que l'on se structure par de petits points de repères récurrents ? Nous avons franchis la barrière psychologique des 1000 miles restant à parcourir sur les 3500 depuis Cape Town. Il va falloir se préparer à arriver, à casser le rythme...

Mardi 29 janvier 2013 - 12°59S 017°13W- 0545ut
BRICOLAGES
On ne peut pas dire que ce fut la meilleure journée... On commence par un bricolage compliqué avec la tension de courroie de pompe à eau de mer et son boulon serré à mort (qu'on finit par avoir), des empannages à répétition dans un vent instable et mollissant, un ciel gris et lourd, une chaleur moite et accablante. Encore divers bricolages (brêlage pour poulie de hale-bas de bôme, réussi, tentative de réparation de ma fidèle lampe frontale, raté). Et pour terminer, alors que nous finissions de dîner à la nuit tombé, sous pilote, l'amure du spi lache. Hélas c'est l'attache au bout dehors (un gros boulon à oeil) qui a cassé net. Comme pendant la course Québec Saint Malo avec Destination Calais... On hésite entre un brêlage malin ou simplement l'envoi du spi au niveau du barreau de gennaker. On verra au lever du jour. Actuellement on est sous gennak et on ne progresse pas trop mal. On devrait péter la barre psychologique des 1000 miles restant à parcourir d'ici ce soir.

Lundi 28 janvier 2013 - 13°36S 014°25W- 0400ut
LAVEMENT
Il fallait vraiment être une brute pour ne pas s'émerveiller - encore - de cette fin de journée. Sans avoir l'air d'en rajouter une couche, c'était vraiment dingue. Le vent avait molli lentement dans l'après midi, la mer de plus en plus douce. Le soleil qui baisse sur l'azur, le bateau qui glisse dans le chuintement de l'eau sur sa coque. Quand on a vu ça, on se dit que rien ne peut être vraiment grave. Naviguer au large est à l'esprit ce que le jeûne est au système digestif. Un lavement.
Penser et non plus réfléchir, rêver et non plus raisonner. La seule rigueur et précision requise est animale, instinctive. Non pas que nous n'ayons plus de soucis, ils sont justes différents. A la fois plus futiles (1 ou 2 cuillère à café de sel dans la pâte à pain ? Le pilote, en mode vent réel ou apparent ?) et plus profonds (notre place dans l'univers, le sens du monde) mais jamais mesquins.

Dimanche 27 janvier 2013 - 14°39S 012°20W- 0515ut
LA COURGETTE DE ROBERT
Hier soir on a mange la courgette. Ail, gingembre, oignon, huile d'olive, poivre, spaghetti et LA courgette. Imaginez un inconnu vous offre... une courgette. Ah, ça surprend. On était en ballade avec notre chauffeur Robert - un îlien d'origine indienne - quand soudain il sort de la boite a gant une belle et grosse courgette qu'il nous offre. De son potager. C'est au moment de faire les courses avant le départ de Ste Hélène, devant les pauvres carottes avachies, qu'on a compris la vrai valeur de ce cadeau. Elle avait en plus un goût délicieux.
Nous coulons des jours paisibles dans un vent léger et plutôt instable qui nous oblige a barrer beaucoup, sous un soleil implacable. Le thermomètre dépasse largement les 30° dans la cabine et dehors la rôtissoire est allumée de 11 a 16 heures. Difficile par exemple de marcher sur le pont sans chaussures... Heureusement, au pied du mat, dans l'ombre su spi, c'est frais. C'est là que nous nous retrouvons. Nous sommes exactement a mi-distance entre l'Afrique et Amérique et il faut dezoomer pas mal avant d'afficher autre chose que du bleu sur la carte. Les réponses que Sylvie nous transmet a bord nous font tellement plaisir. Elles nous rappellent que la terre ferme est toujours bien là. D'ici on serait tente d'en douter...

Samedi 26 janvier 2013 - 14°49S 009°30W- 0645ut
BLEU
Tout est bleu. La mer, le ciel. Et rien d'autre ne nous entoure. Au loin, sur l'horizon, de petit cumulus très doux, très blancs. On glisse sans effort, sous spi. Tant de quiétude et d'harmonie pour si peu d'yeux, comme un gâchis. Le soleil redouté à midi continue sa course et sa lumière s'adoucit au couchant, les couleurs subtiles apparaissent puis c'est la nuit. Plus douce encore. La pleine lune est levée et irise les vagues jusqu'à nous. Même dans cette clarté les étoiles sont visibles. La croix du sud s'est redressée et monte. L'air est doux et frais, une simple chemisette suffit à minuit. Quelques mots, quelques pages mais surtout de longues rêveries. Penser sans réfléchir. Sentir le vent, la vie, la houle longue. L'univers nous porte, nous entoure, nous choie. Sainte Hélène n'est plus qu'un souvenir et elle est encore loin, Amérique. La lune a traversé le ciel du Nord à l'Ouest pour finalement glisser, droit devant, en prenant une couleur ambrée. Derrière nous, le halo rose de l'aube prend la relève. Le grand mouvement des astres est notre théâtre et nous assistons, spectateurs en extase, au cycle des jours et des nuits. Bien sûr nous savons n'y être pour rien mais goûtons au plaisir privé d'assister a cette représentation cosmique. Le temps ici ne se compte pas comme terre. Pas de passé, pas d'avenir, juste du présent, très dense.

Vendredi 25 janvier 2013 - 15°38S 006°49W- 0630ut
SAINTE HELENE
Existe-t-il vraiment, ce cailloux ?
Lorsque sa silhouette a disparu dans le sillage on se demande si l'on a pas rêvé. So remote, so british. Elle n'est rattachée au reste du monde que par un des dernier RMS (Royal Mail Ship) qui y passe trois jours toutes les trois semaines. En abordant ces côtes volcaniques et pelées on change de siècle. Pas de GSM, des vieilles Land Rover aux plaques d'immatriculation à deux chiffres, une banque aux guichets de bois et une prison dont les grilles sont largement ouvertes, faute de clients.
Il y règne un charme colonial dominé par la chaleur humaine. Ici, les gens sourient, se saluent, se parlent. En quelques jours on doit pouvoir connaître tout le monde ! Une table de six dans un resto est considérée comme un groupe et s'il est passé 22 heures quand vous sortez, le restaurateur propose de vous loger.
La promenade à terre aussi en vaut la peine: belle nature, sauvage et minerale sur les côtes, verte et boisée au centre avec de jolis bocages ou paissent de belles vaches brunes. Il paraît qu'il y a 400 espèces animales endémiques, que même Darwin himself serait venu voir. En tout cas, c'est calme, très calme. On imagine Napo mourir d'ennui car il ne s'est visiblement jamais rien passé ici...
Outre le célèbre prisonnier, il y en a eu d'autres: un prince Zulu et 6000 boers pendant cette terrible guerre. Faut dire qu'on ne s'échappe pas facilement, à plus ou moins mi-chemin de l'Afrique et de Amérique.
Ils ont entrepris le pharaonique chantier d'un aéroport: non seulement il n'y a rien de plat mais la piste doit être longue vu que les avions viendront forcément de loin. Cela changera-t-il quelque chose? Pas sûr : pour le tourisme il manque la plage, le golf est rachitique et les jolis chemin de trek n'ont jamais attiré la foule. Peut-être les plongeurs ? Les eaux sont très claires, poissonneuses et il y a même des épaves.
L'incroyable isolement - ou une lettre met un mois à arriver - serait brisé. Pour les voiliers, l'escale est singulière et attachante, le mouillage excellent et l'île ne représente pas le moindre détour entre Cape Town et Recife. Si ça ne nous avait pas fait partir un vendredi, on serait bien restés pour la soirée disco d'hier soir...

Mardi 22 janvier 2013 - 15°55S 005°43W- 0800ut
au mouillage devant Jamestown, Ste Hélène
PACHACAMAC !
J'ai déjà passé des centaines et des centaines de
nuit au mouillage mais celle-ci avait une saveur particulière ! Tel le Pachacamac de Tintin, nous avons passé la nuit... en quarantaine !
Arrivés hier en fin d'après-midi nous mouillons devant Jamestown, le chef lieu de Ste Hélène. Rapide mise en ordre du bateau, petit sac à dos, chemise propre, et enfin petit coup de VHF au ferry service pour qu'il nous conduise à terre (nous n'avons pas d'annexe). "Négative", répond-il ! Vous n'êtes pas en ordre de douane et comme le bureau est fermé, il faudra attendre son ouverture demain.
On croit rêver ! De quoi ont-il donc peur ces anglais? Que nous envahissions l'île ? Que nous venions venger le corse? Plus tard nous hélons un plaisancier qui passe en zodiac: "Cette interdiction est elle sérieuse ?" Absolument répond-il, je ne peux d'ailleurs n'avoir aucun contact avec vous, c'est la loi.
Drôle de sensation, devant une petite ville, après 11 jours de mer que de préparer (encore) des pâtes ! Bon le mouillage est joli, au pied d'une belle falaise de roche volcanique peuplée de sterns arctique dans une eau parfaitement limpide et d'un bleu profond. Et le coucher de soleil était ravissant. Mais tout de même, sans apero, sans pub, on se sent l'âme corse...

Lundi 21 janvier 2013 - 16°28S 005°38W- 0900ut
TERRE !
Quelle est belle la ligne d'horizon quand on sait l'île juste derrière, si proche et encore invisible. On se sent l'âme des découvreurs, on se voit presque sortir la longue vue gainée de cuir de sa redingote.
Dans ces lumières et cette émotion, l'attente est toujours autant aimée. Si ce n'était que tout cela pour cela. Un soupçon d'appréhension aussi face à cette terre inconnue qui perturbe le rythme confortable et répétitif du bord.
Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Mais quelle douceur des sentiments par rapport a ceux qui ne savaient bien ni où ils étaient ni où ils allaient, quel accueil la population autochtone allait leur réserver: héros vainqueurs des mers, porteurs d'un souffle nouveau et venu d'ailleurs ou ennemis assoiffés de sang, à combattre sans relâche ? Et comment les abords de l'île allaient-ils s'agencer ? Le mouillage serait-il calme, protegé, de bonne tenue ?
Là, de ces rêveries, soudain le mot fatidique et qui emporte tout vient de tomber.
Il sonne comme une promesse, un rendez-vous:
TERRE !

PS Sainte Hélène marque environ la moitié de cette traversée de Cape Town a Récife. Je tenais à vous remercier de ces réponses si nombreuses et si douces à ce journal. Elles nous sont transmises fidèlement par Sylvie et illuminent notre quotidien du bord. Continuez ! Mieux encore, si vous voulez vivre ces moments intenses, c'est possible - et facile. Dans les Antilles, par exemple, en croisière d'île en île ou au large. Consultez le programme sur le site http://www.sailaway.be/world ou contactez Sylvie (sylvie@sailaway.be).

Dimanche 20 janvier 2013 - 17°41S 003°51W- 1115ut
Northumberland
Approcher d'une île inconnue. Les chimères, les rêves vont bon train. Surtout quand elle est si loin de tout, sans aéroport... et peuplée de citoyens de sa gracieuse majesté dont on imagine l'isolement et la consanguinité.
Mais, pour nous les européens, pèse surtout sur Sainte Hélène l'ombre de son prisonnier illustre. A l'issue de la bataille de Waterloo et dans les désordres de l'Etat, l'Empereur, acculé par l'hostilité des Bourbons et de Taylerant décide de se mettre sous la protection de son ennemi de toujours, l'Angleterre. Il pense y être reçu comme un prince déchu auquel tous les honneurs sont dus, il sera traité comme un dangereux prisonnier de guerre. Et déporté dans cette île lointaine qu'il faut des mois de mer pour atteindre. Le samedi 14 octobre 1815 à 1000H, le Northumberland mouille devant les falaises sombres de l'îlot volcanique.
Tout notre équipage s'est abreuvé de biographies de Napo dans l'espoir d'y glaner quelques conseils de mouillage et une description de la ville de Jamestown. Le moins que l'on puisse dire c'est que Las Cases, Gallo et Rouart ne sont pas prolixes sur le sujet! Une entaille dans la falaise sombre, une petite ville, quelques maisons aux toits rouges et sur les hauteurs, des canons.
Il n'aime pas, le corse. "L'île est sombre et hostile". Humidité, brouillard, rats. Fourbes et cruels anglais qui lui mèneront la vie dure pendant les six ans de son séjour. Les membres de sa petite cour - une douzaine de personne - s'en iront les uns après les autres, chassés ou las de cet isolement. C'est finalement très seul et sans nouvelles de l'Europe et de sa famille qu'il trépassera le 5 mai 1821.
Plus que 145 miles avant d'avoir notre vision de l'endroit. Nous devrions y mouiller a la même heure que le Northumberland, près de deux siècles plus tard...

Samedi 19 janvier 2013 - 20°10S 001°52W- 0515ut
Riz ou pâtes ?
Sainte Hélène approche. Il nous reste environ 330 miles et malgré l'absence de grand'voile on ne progresse pas trop mal. Après la journée sous spi on est passé sous genak. Affaler le spi sans le de vent de la grand'voile n'est pas aisé. Si le vent monte, il ne faut pas se faire piéger.
Heureusement les conditions sont maniables et la journée délicieusement ensoleillée. Le ciel s'est couvert avec la nuit et on a bien eu le droit a une courte pluie accompagnée d'une petite molle du vent... de courte durée. L'équipage est ravi de l'escale prévue tant d'un point de vue touristique que culinaire ! Actuellement, en effet, on est entre dans le sempiternel dilemme de chaque repas: riz ou pâtes ? Pour le reste les journées s'écoulent paisiblement au gré des conversation s a bâtons rompus, des biographies (Napoléon ou Mandela), de la bonne littérature (Rouard, Delerm, Desproges) et même de la gymnastique (surtout Vincent!). Nous traversons une zone très isolée. Ni cargos, ni avions, pas d'animaux à part un couple de sternes venus tourner autour de nous en fin d'après midi. Apparemment, peu de commerce maritime entre l'Angola et le Brésil...
Afin de se recaler, on a décide ce midi qu'il serait midi pendant deux heures, non sans avoir envisagé les conséquences sur le goûter... L 'heure du bord est maintenant celle du méridien et les couchers de soleil (forts jolis d'ailleurs) se font a des heures plus raisonnable !

Vendredi 18 janvier 2013 - 21°31S 000°12W- 0715ut
Meridien
On a scrute la mer, rien. La vague de l'Est n'est pas différente de celle de l'Ouest.
Le décompte du GPS est toujours rigolo. Jusqu'au 0. Jusqu'au centre. On le sait, on l'a dit, cette ligne est imaginaire, mais quelle force cette imagination.
De la banlieue londonienne à Brighton, du Havre à Bordeaux, d'Alicante à Ouagadougou, à l'immense lac Volta du Ghana, nous voila reliés. Divisés aussi entre l'Est et l'Ouest, entre l'Orient et l'Occident.
Dans l'immensité de cet océan vide, on mesure l'inanité de ces divisions. L'homme ne peut décidément pas s'empêcher de réguler, diviser, borner. En tout cas, d'ici, la supercherie nous saute à la gueule. On a envie, à l'unisson avec Lennon, de chanter "imagine".
Bien sûr on est des rêveurs mais nous ne sommes pas seuls. Et puis, de notre voix, tout le monde s'en fout... et c'est peut-être mieux comme ça. Laissez-nous seulement glisser sur cette mer douce en jouissant de l'instant, celui qui ne se mesure pas, justement.
Bon week-end à vous !

Jeudi 17 janvier 2013 - 24°05S 000°43E - 0300ut
Rose bonbon
Nous voilà donc sous gennaker seul. La grand voile est bien affalée, dans son sac, comme au port. C'était bien l'attache en tête de mat qui a lâché, cisaillée par on ne sait quoi. La nouvelle épissure est prête mais les mouvements du bateau sont - selon moi - trop important. Je dois contenir les velléités de Vincent a jouer les équilibristes. Nous ne sommes pas pressés. Le ralentissement ne nous fera perdre qu'une journée et demi, sans doute. Cela glisse tellement bien. Les conditions sont tout simplement magiques. 15 a 20 noeuds de grand portant, généreux soleil la journée - même pas trop chaud - et ciels complètement dingues la nuit. Musique au casque (Jack Johnson, Hardkandy, Cat Power, Beth Gibbons), barre en main, les yeux sur l'étoile que l'on a choisi et qui correspond bien au cap, voila qui augure de la bonne rêverie. Les souvenirs, dociles, se laissent attraper délicatement et les personnages du passé apparaissent volontiers. Sourires, poignées de mains, coups d'oeil complices sur la scène de l'horizon clair. Douces jubilations si présentes. Ceux que l'on moins envie de voir ne viennent pas, restent dans la grande boîte. Le couvercle en est largement ouvert et l'on peut choisir comme un peintre ses couleurs le songe suivant. Garder la rose, jeter ses épines. Trop facile ? Oui. Et alors ? Ou est-il écrit que cela devait être difficile ? Pourquoi ne pas plonger dans le rose bonbon ? Le Walt Disney (ou Bambi n'aurait pas tout ses problèmes). L'océan est vide. C'est à nous de le remplir, de le peindre. Alors ne lésinons pas sur le rose. Le tube est déjà bien entamé lorsque l'aube légère vient fermer le rideau de la nuit. Le spectacle se termine, c'est la fin du quart.



Relire le jounal de bord 2012

Lien vers POSITION ACTUELLE sur Google Maps




Fastnet - les IRC 4, 3, 2 et 1 attendent le top départ à l'E de la ligne




photo prise en plein Atlantique depuis le M/V Oberon





















































Ce 8 février (click pour zoomer)




Ce 4 février (click pour zoomer)




Ce 3 février (click pour zoomer)




Merena entre Ste Hélène et Récife ce 31 janvier


Météo du 27 janvier







Météo du 26 janvier






































10 janvier à 16ut Merena largue les amarres

C'est parti pour de nouvelles aventures !

Mercredi 16 janvier 2013 - 24°48S 003°22E - 0300ut
Drisse
Alors que nous étions tranquillement en train de finir de dîner sous un ciel merveilleusement étoilé, un grand bruit: c'est la grand'voile qui s'affale toute seule.
Le temps de comprendre, la drisse a cassé net. Impossible de faire un diagnostic précis à ce stade et de nuit mais c'est sans doute la cosse en tête de mat qui a lâché (la drisse est mouflée).
La houle dans laquelle nous naviguons semble pour le moment interdire toute ascension sure. Heureusement, la météo est avec nous: que du portant à venir et - au pire - nous ferons les miles restants vers Ste Hélène sous spi ou gennaker seul, ce qui ne devrait finalement pas trop retarder la belle progression des derniers jours.
Ces péripéties n'ont pas affecté le moral de l'équipage ! A demain pour d'autres nouvelles !

Mardi 15 janvier 2013 - 25°15S 005°19E - 0930ut
Navigation fluvial
On arrive a la latitude de Parati, de l'autre côté, au Brésil. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il faisait meilleur là-bas... Si on ne peut pas se plaindre de la température, le ciel est plombé, les nuits sont noires sans lune et sans étoiles. La mer, formée et très mal rangée nous ballote d'un bord sur l'autre sans rythme. Le pilote, en mode vent, fait ce qu'il peut - et assez bien d'ailleurs, vu les conditions. La nuit était à nouveau venteuse. Une belle vague, venue de nulle part nous a sauté dessus lâchement, semblant tombée du ciel. Et quand on a pas son ciré, c'est embêtant. Mais pas de grands bonheurs sans petits déboires. Quand il fait toujours beau on ne voit plus le soleil, quand la mer est belle, on trouve cela seulement normal. Le bonheur ne vient-il que de l'absence de malheur alors ? Comment cela va-t-il se gérer là-bas, là-haut, après ? Les pelouses bien tondues de l'au delà, les fontaines d'eau pure coulant à profusion ne vont-elles pas finalement nous ennuyer ? Pas de tensions, pas de stress, pas de défis ni de combats: un long fleuve tranquille, alors ? Et nous, la navigation fluviale...
Et pourtant, c'est vrai quelles sont belles les images de la péniche fraîchement repeinte, amarrée à la berge, dans un cadre délicieusement bucolique, floral et arboré. On est sûr de dormir tout son saoul sans qu'un équipier vous tape sur l'épaule "c'est ton quart". La douceur des jours, la couleur des saisons qui s'égrènent serait peut-être un spectacle suffisant ? Mais je crois que l'on préfère les océans où rien n'est jamais acquis, où tout se conquiert. Là où danger, inconfort, précarité ne sont que le cadre du tableau que nous peignons jour après jour mais dont les couleurs nous ravissent.

Lundi 14 janvier 2013 - 28°28S 006°20E - 0750ut
Nuit Noire
Journée toute grise hier. Un vrai temps de dimanche. Ceux pour aller au cinéma. La mer elle-même est grise et au loin on ne serait pas étonnés de voir apparaître la Buiten Ratel ou la tour d'Ostende. Quelques éclaircies, l'après midi, nous rappellent tout de même où nous sommes. Après le dîner du marin - enfin après tous ces légumes ! - pâtes au poivrons, oignons et gingembre, c'est une nuit extrêmement fatiguante qui s'annonce.
Ciel couvert pour une visibilité nulle, grosses formations nuageuses avec averses et rafales. Un vent entre 15 et 27 noeuds et des shifts de 40°. Le tout donnant évidemment une mer très désordonnée. Très difficile de barrer correctement sans prendre pas mal d'angle et s'éloigner de la route directe... L'équipage a été mis à rude contribution et quand vers 4 heures du matin les étoiles sont apparues, innombrables et très brillantes, quel bonheur.
Et pourtant, même dans cette nuit noir comme de l'encre, les yeux rivés sur les petites lumières des instruments, le cou engoncé dans le col montant de la veste de pluie, le bateau - par pûr hasard - prend un train de vague dans le bon sens et se met à accélérer, à surfer, renvoyant deux belles gerbes de chaque coté de sa coque, alors on se dit "pas mal, tout de même !". Et puis, ce matin il fait très beau, le ciel est pur, nous sommes tout seuls ... Mais, assez de lyrisme, il faut empanner pour se rapprocher de la route. Il reste exactement 1000 miles pour Ste Hélène et la cote la plus proche (la Namibie) est à près de 500 miles sur tribord.

Dimanche 13 janvier 2013 - 30°04S 010°00E - 0230ut
Désert
Belle régularité du vent ces derniers jours. Comme dans un train, sous voilure somme toute assez réduite, nous abattons des miles entre 9 et 12 noeuds pour un vent de 20 a 25. Le ciel s'est bien range et ce matin de s'exclamer: "comme c'est bleu!" Nous longeons, a bonne distance, l'un des plus important désert du monde - le Kalahari - et la température est logique: plutôt froid la nuit (polaire et veste) et par contre, dès que le soleil se montre, nous assistons a un vrai défilé ! Si Mireille n'innove pas vraiment dans son polo ligné, on apprécie particulièrement le déguisement d'Indiana Jones de notre Vincent (châpeau, chemise saharienne, pantalon de toile) et la non moins ineffable tenue de Hugues, beaucoup plus estivale, avec le short vert fluo griffé St Barth West Indies et surtout le T-shirt Club Med 2, particulièrement bien adapté à notre navigation actuelle. Lectures diverses entrecoupées de repas raffinés à base de fruits et légumes frais (qui ne vont pas le rester très longtemps). Ce soir, dernier morceau de poulet avant le plongeon dans les boîtes et les poudres. Le rythme des quarts (deux heures avec 2 petits quarts d'une heure dans la journée pour décaler) est agréable et nous permets de longs moments de détente, lecture, rêverie.
PS : Parfait le dernier Modiano - "L'herbe des nuits". Du Modiano pur jus. Sensibles aux choses qui sont sur le point de disparaître et qui d'ailleurs disparaissent, inexorablement. Nostalgique a souhait cette quête du vieil homme qui cherche a retrouver quelques mois de sa jeunesse. Une belle histoire d'amour, pudique, qui ne dit pas son nom. Pas de scénario, comme a accoutumée, mais quelle importance, l'ambiance est tellement suffisante...

Samedi 12 janvier 2013 - 31°36S 012°58E - 0430ut
Salut la terre, ici l'océan
Nous voilà au grand large à nouveau. La terre la plus proche - toujours l'Afrique du Sud - est à 250 miles. Le vent est soutenu et enfin régulier alors que la houle s'est arrêtée. Rapide, efficace depuis le départ.
Si le premier soir on n'a pas trouve énormément de cuistots, hier, par contre, parfait : poulet rôti, pommes de terre en chemise, salade composée. On voit qu'on en est au début.
Ensuite quelques heures de barre sous un ciel particulièrement étoilé avec une voie lactée à couper le souffle, des longs surfs et une température en hausse (on est tout de même encore en ciré complet la nuit).
Juste à notre Nord, en Namibie, j'ai trouve une baie qui ferait plaisir à tous les écoliers néerlandophones: la Hottentoten Bay ! Bien que d'ici, on soit un peu loin pour voir leurs tentes...
Pas grand monde par ici : la route des cargos doit passer ailleurs car l'AIS reste muet. Seuls quelques albatros sont venus hier tourner autour de nous, sans remuer leurs ailes et glissants dans le vent frais.
Bon week-end a tous, sous la neige paraît-il !

Vendredi 11 janvier 2013
- 33°04S 016°18E - 0700ut
Merena est reparti
On ne peut pas dire que les derniers jours passés à Cape Town furent touristiques voir vraiment détendus.
Retrouver un bateau après une longue hibernation est toujours stressant. Où en est-on ? A chacune des inspections on espère ne pas trouver de problèmes qui nous feront perdre une heure ou une journèe... Et y en a des problèmes potentiels sur un bateau ! Grèement, moteur, électricité et j'en passe. Le biais de communication de ces messages par exemple a changé. L'iridium qui fonctionnait parfaitement refuse maintenant de communiquer en data. On est passé sur Inmarsat C.
Et pourtant, Cape Town restera un très bon souvenir. Ce sera toujours la ville des marins, des vrais. Ceux qui n'hésitent pas à se donner pour accueillir le navigateur de passage. Conduites, conseils, réceptions, coups de mains, que de chaleur...
Milles mercis à Eric, Leila, Jean et Manuel. La voile est belle aussi par cela. La distance de la mère patrie exacerbe cette fibre d'entraide et de solidarité. Une belle leçon encore pour notre plaisance !
Notre première nuit en mer n'est pas exactement ce que nous avions rêvé : mer formée et désordonnée, ciel gris sans lune, mal de mer latent, bref pas de grandes extases. Mais la vitesse est bonne et l'angle du vent également. Nous avons 1700 miles sur Ste Hélène, notre première escale, puis environ la même chose sur Recife au Brésil. Comme nous sortons du plateau continental aujourd'hui on espère une mer plus rangée et, pourquoi pas, un peu de soleil !

réactions


Bravissimoooooooo! Bravo a l'equipage, bravo a Merena!!!!
Jessica

Bravo ... Félicitations au skipper et à l'équipage ... Fiesta a Cowes je suppose...
Hugues

well done! and now party time "style marin"
Tom

Quel joli marathon! Bravo
Muriel

Super! Et c'était super de suivre votre course sur le Fleet Tracking. Des bulles? Ou des bières?
François

Viva !! Viva ! 100 fois Viva au brillant équipage
Rose-Marie

Bonjour Alexis,
Lors d'un récent voyage à Bregenz, notre amie Sophie m'a remis de votre part LE JOURNAL DE BORD DU MERENA. Je vous remercie infiniment pour cette aimable attention. Comme beaucoup de vos "fans", je suis sur le net depuis quelques années, le récit de vos navigations , ce qui me procure toujours beaucoup de plaisir et me permet de rêver de grand large!
Je vous félicite pour tous vos talents d'écrivain, photographe et vidéaste ...sans oublier toutes vos qualités de marin.
Je vous souhaite encore beaucoup de satisfactions et de joie avec MERENA et je ne manquerai pas de vous "suivre" dans de nouvelles aventures.
Avec mes remerciements pour ce beau cadeau, recevez mes meilleurs sentiments.
Bien à vous

Merci de ton Hommage, ô Grand poète en eaux-fortes ...
Bon-ne-mer à toi et à ceux qui t'accompagnent dans cette belle folie de Bassan.
On t'embrasse et t'envoie des nouvelles bientôt. De terre.
Nadine et Michel

Ma vie bien remplie ne me laisse d'habitude guère le temps de te lire, mais là, dans là chaleur de mes vacances dans le sud de là France, je prends beaucoup de plaisir à entrer dans tes récits. Vivement les histoires dans les mers anglaises et la Fastnet.
Le bonjour à tout l'équipage (même si je ne les connais pas :-)
Frédérique

Coucou a vous!
Pensée toute émue en te lisant Alexis parce que nous avons fait de la voile en famille dans les calanques. Et nous avons pensé à toi ...nous avons vécu une merveilleuse aventure et compris les plaisirs du marin.
A très bientôt!
Boris et Antoinette

Waouuuuu quelle belle traversée et quel joli voyage philosophique que tu nous livres là! L'ivresse du Large, l'émotion de l'inconnu,l'harmonie de l'équipage avec une nature brute et sauvage qui tantôt vous moleste et tantôt vous subjugue. Je constate qu'après cette fantastique chevauchée de l'Atlantique, ton émotion reste intacte... Faut-il y voir un bon présage pour de futures explorations?
Bisous de Kekova
Mireille around the world

Dans le bruit et la fureur, il est souvent difficile de maintenir le cap vers la mer de la sérénité…
Merci Alexis de la rappeler à notre bon souvenir ;-))
Corine

Bonjour à votre équipage,
je suis de mon oeil voyeur les péripéties de votre traversée en essayant d'imaginer les sensations au travers des récits poétiques d'Alexis.
Il y a tellement de voiliers qui traversent les flots à l'instant où ce mail flotte vers votre PC mais il n'y en a qu'un qui retient notre attention et excite l'imagination.
Que ce soit dans le brouillard oppressant, ou lorsque le Merena s'écrase sur la houle par vent contraire, ou encore lorsque le monstre Oberon immortalise ce confetti au milieu des flots, je me sens une mouette rieuse qui observe depuis le pont l'agitation à bord, et qui espére avoir des reste de canard confis au riz (arroz de pato chez nos amis portugais...).
Cher Michel,
Bon retour sur la terre des engliches à côté du rail qui rappelle à quel point notre civilisation consume la planète.
A bientôt
biz
Alex et Barbara
Merci à Alexis pour l'intelligence de tes récits; peu ont le talent de marier la rudesse de la mer et la volupté de paroles qui inspirent...!

Latitude, lumière du nord, approche d'un monde connu?
Votre plume, Cher Alexis, se fait légère, comme atteinte d'une poésie un brin mélancolique, teintée d'un camaieu de couleurs dignes d'un Léon Spilliaert. Cette poésie est sans doute nourrie par un regard en arrière vers un passé très proche, tellement attrayant, tellement en dehors de notre monde quotidien.
Si vous rejoignez un ciel si bas, nous ne pouvons douter que vous arrivez d'endroits où il était plus haut.
Merci et bravo pour ces aventures et leur partage.
Welcome home et que le Fastnet soit un nouveau départ.
Bises,
Christine et Vincent

Nous nous connaissons pas, nous nous sommes peut-être jamais rencontré, mais quel plaisir à chaque fois d’avoir de vos nouvelles, Super bien écrit et cela me sort de mon boulot, je navigue et visite avec vous
Merci infiniment
Walter

uper Alexis, donne envie de vous rejoindre, bon vent et à très bientôt
Bertrand

Vraiment très beau et inspirant ce que tu écris... et vis!
Respect, man :)
Walt

J'aime beaucoup ton texte 'Liberté'. Gros bisous et bons preparatifs pour la Fastnet.
Frederique (depuis la Provence, sa douce chaleur et ses chants de grillons)

c oooooooooooool ca!!!!
@ tout bientôt,
Gros kiss!

salut
la lecture de tes carnets de bords donne toujours autant envie de s'évader.
bon vent

Merci pour ces nouvelles, toujours en prose impeccable et agréable à lire.
En ce 21 juillet ensoleillé ( et oui!!!!!) , une grande pensée pour ces BELGES du bout du monde! Continuez à arborer notre pavillon , si peu connu ou reconnu sur les eaux étrangères. Jour historique pour la Belgique , un nouveau ROI Philippe 1er....et un peuple uni pour la circonstance!
En lisant votre récit, je me dis que nous repartirons au Brésil ( toutefois en avion) en octobre et que cette fois ci je pourrai profiter pleinement de la nature après m’être enfin fait opérer de la hanche.
Et ce n’est pas l’envie qui me fait défaut de remonter à bord de notre voilier, dont déjà le bastingage est momentanément un obstacle insurmontable. D’ici quelques semaines ça ira bien mieux...
Profitez de toutes vos forces, gavez vous de bonnes énergies , d’iode et d’impressions inoubliables!
Bon vent
Kathy

Coucou,
C'est toujours un plaisir de te lire Alexis ! Un grand équipage pour une grande traversée.Voilà l'occasion de prendre une belle revanche en Atlantique Nord sur Merena ! Pas en course mais au pas de course pour être in time à la Fastnet !
Il y a 5 ans tu participais à la transat Québec/Saint Malo et les conditions météo étaient difficiles et le soleil bien absent! Tu vas donc pouvoir écrire une nouvelle histoire ...Savourez et ménagez bien votre "monture".
Bisous de Pergame,ville phare de l'empire Romain en Asie

merci pour toute cette prose qui nous fou la pêche, voire même la patate dans nos bureaux sous la neige à Bruxelles!
L'arrivée, avec le stress de trouver encore un bar ouvert!!! Mon Dieux, cela doit être insuportable comme stress... :))) et comme j'aimerais avoir ce genre de stress...
Bonne continuation et en espérant pouvoir prendre le temps de monter à bord dans un futur avenir (pas trop lointain) pour une de tes fantastiques chevauchées,
bonne atérissage à Sainte Lucie et à bientôt j'espère.
manu
ps: merci pour ce journal d'évasion qui nous rend notre hiver plus doux.

Bravo pour la belle traversée et merci de m'avoir entrecoupé mes journées de dur labeur par la lecture d'un peu de rève.
Bon vent et à+
Charles

Cher Alexis, continues ce voyage que tu nous fait partager avec tant de sensibilité et d'élégance, merci à toi,
Mireille

"lu cette semaine dans une autobiographie de Françoise Giroux: "(...) il m'a raconté son métier et la navigation à voile, qui est pleine de mots superbes et de surprises fulgurantes. Il a commencé à m'apprendre la mer et le vent. Je ne connaissais que la mer des plages, celle qui donne toujours un peu l'impression de rentrer dans des draps sales. De son voilier, j'ai découvert la mer profonde et son étreinte, la joie de s'y couler en allongeant bien les bras, loin des jambes, le gros dos dur qu'elle fait pour rejeter ceux qui la chevauchent mal, les gifles d'eau qu'elle vous assène. Je n'avais pas peur parce qu'il savait la mer et qu'il me l'expliquait. (...)"
Marie Laure

Merci Alexis de nous partager ce voyage avec tant d'émotions et ta belle plume (aussi au chapeau)
Bises.
Yolande

hola, c'est sylvie qui te fait cet effet là, ou vous avez fumé du poulpe ?
Il est vrai que se sont majoritairement des vieux fumeurs de pétard qui ont dévasté les côtes en y faisant pousser (non pas de l'herbe bien que son commerce en soit aussi profitable) mais des lotissements balnéaires à revendre aux gens bien intentionnés juste un peu plus friqués que d'autres, ....
Suis pas certain que cela ai changé, juste que les stratégies financières s'affûtent, que les côtes donnent la mesure du territoire, que l'urbanisation, que les laissés pour compte,... se multiplient à une vitesse cafardeuse. tout est exponentiel malheureusement pas notre attention au devenir vivant et pourtant si rare.
Etre quelque part sur l'océan, plus ou moins seul, semble entrainer les êtres sensibles vers des profondeurs Abissales.
MIP MIP urgent !! Sylvie Attache ton homme au mât et enfonce lui des cotons dans les oreilles.
ou alors le contraire, tu lui redonnes du poulpe.
Alexandre

Quel émerveillement de te lire régulièrement.
Marin et littéraire, philosophe et poète, que de qualité pour un seul homme.
Grace à toi et avec toi nous parcourons le monde océanique .
Quelques embrun d’égarement dans notre routine bien grise de cet hiver économiquement polaire.
Merci pour tant de poésie.
Bonne fin de voyage ,nous rêvons chaque jour de quelques minutes passées à ton bord…
Gaetan

Hello Merena,
Juste un petit mot pour vous dire combien j'apprécie la lecture de votre journal de bord, que je dévore à chaque livraison.
Une belle écriture, un beau témoignage et de belles pensées, comme celle de "Flower Power".
Merci et joli bon vent toujours…
Georges

Tu as cassé toutes tes lignes de pêche. Que s'est-il passé ? As-tu utilisé du fil trop fin? Si tu n'as pas de canne, tu dois traîner avec du fil de 200 lbs minimum, et un bon sandoz avec une boucle de trois à quatre mètres. Ceci dit, si un marlin de 300 kgs engame ton leurre ...
Pour éviter de trop gros prédateurs, n'utilise pas de leurres de grande taille (10 cm max.). Bien assez pour les thons et les coryphènes.
Jean-Pierre

Je me délecte de tes écrits.
Je partage vos joie et vos peines.
Ce dernier événement me contrarie.
En pensée avec vous
Merci de nous faire si bien partager votre aventure
Baudouin

Et oui, on a viellit aussi vite que toi et nos quatre petits enfants sont là, ils ont remplacé les tiens qui étaient bien petits quand on naviguait ensemble dans les Antilles
Un regret,ne pouvoir recommençer à zéro avec ce que l'on sait avec l'âge;
Bof on va encore bien naviguer, bon vent même sans grande voile qui ne mérite pas son nom de"Grande"
On vous embrasse, dominique et danielle

Je suis sûre que des enfants aussi chanceux que les vôtres auront à coeur de vous faire faire plus que des ronds dans l'eau !
C'est toujours un grand plaisir de te lire car les réfléxions sur la vie dépassent encore les descriptions poétiques ! Merci !
Marie Laure

pour nous , pauvres terriens 350 jours par an, le vent nous apporte aussi de air marin dépourvu (ou en tout cas moins pourvu) de micro-organismes et autres particules polluantes, particulièrement infernales lors des longues journées anticycloniques hivernales connues dans nos latitudes.
profitez donc de cette pétole à l'air pur ! Nicolas

Je voudrais vous remercier pour ce magnifique journal de bord.
Ce sont des petites perles de plaisirs qui, enfilées bout à bout, composent un joli collier de bonheur!
Bon vent!
Miek

Toujours un plaisir de lire tes récits qui nous réchauffent et nous font rêver alors que coincés sous ce super merveilleux adorable climat bruxellois.
Amitiés et à très bientôt
Wenceslas

Le sourire qui monte dès que le regard détecte "alexis" dans la longue liste
Une légère frénésie, vite ouvrir, découvrir, lecture rapide
Plaisir des mots attendus, savoir que plus tard dans un moment choisi je pourrai y revenir, savourer,
Ecouter la suite de cette histoire qui chaque jour m'accompagne
tu nous rends accro Alexis, merci pour le contenu mais aussi bravo pour la forme, les mots et les phrases qui charment
Merci aussi à tous ceux autour de toi qui permettent cette ivresse bien douce
Frédy

Il me vient une pointe de tristesse. Déjà fini cette traversée, et ce petit mot quotidien qui nous fait quitter la grisaille de la Belgique pour quelques instants. A tel point qu'on en vient à se le réserver comme point final d'une journée de travail, ou juste avant d'aller dormir, afin de laisser ces images merveilleuses traîner le plus longtemps possible dans notre esprit et devenir presque des sensations.
Merci pour vos partages de ces moments magiques et uniques.
Jean-Louis

Les belles choses s’achèvent pour se reproduire à une date inconnue….ce qui nous conduit à la recherche de notre temps perdu.
On fixe, on balise pour peur de ne pas se retrouver, quand on tourne le visage, pour voir ce qui reste flou, ce qui est nette.
De miles et miles vont encore s’allonger, mais les vrais valeurs restent, comme si c’était hier, et votre traversée en fait déjà partie.
Délicieuse escale à vous tous,
Marzia

Q uel plaisir de pouvoir rêver avec toi des grands espaces marins cher Alexis.
Merci pour ce merveilleux journal de bord. Bonne semaine d'escale.
Amicalement.
Bises
Yolande

Cher Alexis
merci pour tous ces messages qui m'ont fait beaucoup rêver ....
bon courage et retour sur terre...
amitiés à l'équipage !!! et à ta famille....
Jérome

Superbe description de l' ordonnancement de ton moment présent. A un moment j'ai même cru d'être sur le bateau! Et ces poissons qui volent... Biz
Antoinette &Co

Merci, c'est beau, Alexis.
Ton journal de bord me met du baume au coeur, surtout aujourd'hui, car je viens de cartonner ma voiture. En mer, ce ne serait pas arrivé: pas de voiture, pas de lamapaire, pas d'axe plié...
Bises,
Jess.

Djoss Alexis fais attention car je vois qu'il fait profond autour de vous. Merci pour tes mots. Bons surfs Tanguy

continue a nous gâter!
merci et bon vent
Eric

J’espère participer à quelques uns de 50.000 suivants,
Yves

A vos 100.000 sourires et souvenirs.
Je trinque à ça :)
Walter

J'ai l'impression d'être à bord ... si tu savais comme c'est agréable et ces petits mots perçus personnellement ... on se les délecte égoïstement.
Qui ça intéresse de te lire sur la mer ?
Je l'espère beaucoup de monde ... oublier ce consumérisme
bye bye alexsy, jd

Salut Alexis,
Je suis dans l’avion vers la Norvège retrouver des skippers de multicoques pour parler de bateaux ….et je reçois ta newsletter !! c’est beau le progrès ! En 69 dans la longue route Moitessier disait qu’on pourrait appeler un copain à l’autre bout de la terre avec un outil pas plus gros qu’une boîte d’allumette (texto) quel visionnaire !
Bonne route à toi , Merena est entre de bonnes mains !
C’est quoi le prochain bateau que je te construis ?
Thierry

Cher Alexis,
La salade de chou blanc améliorée de quelques boîtes de conserve. Et de mayonnaise je suppose ...
Dis-moi, tu n'as pas mis un leurre à thon en traîne dans le sillage ?
La salade de chou au thon et à la mayonnaise, tu devrais vraiment essayer ça ... Au portant bien sûr.
Amitiés
JP

Bravo Alexis, pour cette réaction immédiate à mon mail d'hier ! Il ne fallait cependant pas culpabiliser à ce point. Loin de moi l'idée de critiquer ton éducation judéo chrétienne, garante de la ligne relativement droite de ta colonne vertébrale, mais tu peux parfois prendre du bon temps, voir jouir de la vie, te laisser enivrer par la nature et séduire par les partages..... J'attends la prochaine page de ton journal, gorgée de plénitude !
Danku.
Olivier

Bonjour Alexis,
Merci pour tes billets d’humeurs bien sympa qui me mettent déjà dans l’ambiance. Cela promet…. J’ai appris hier soir par des clients qu’Hugues était à bord…. Le monde est petit. Remettez lui notre bonjour.
A très vite
Christian

Bonjour mes Flibustiers préférés,
Le moral en milieu d’océan baigne entre le moitié et le moitié ! Votre aventure traversante vit quelques heures d’ennuis mécaniquement voilesques. Du moment que notre « facteur de la toile » nous délivre quotidiennement son mot, on n’en demande pas plus. Je vois que les ennuis sont à la hauteur de la longueur des échos. Donc on la fait bref mais bon.
Ici j’ai le génois du cervelet gauche qui vient de lâcher, le boulon du cardiaque qui se dévisse, le spi de la respiration qui se prend les voiles. Je fais quoi « docteur des océans » ?
Allez bon cap, bon vent et bon moral… que la lumière (même frontale) soit et la lumière fut… ce fut donc le 20ème jour !
François

Salut Salut,
j’espère que cela se passe pas trop mal ces réparations – courage – il faut y croire cela me fait un bien fou de recevoir tous les jours ces messages poétiques du large
bonne route
Serge

Cher Alexis,
Disons le franchement, parfois, il est agréable de lire ta prose. Lorsqu’un froid humide ronge nos os, sous un ciel gris et au raz de ce qui devrait être des pâquerettes, nous lisons avec bonheur la mer épouvantable, les vagues déchainées, le froid, les privations de toutes sortes, bref, notre quotidien nous semble tout d’un coup, certes plus morne, mais un rien plus confortable, maigre consolation, mais consolation tout de même. La lecture de ton dernier message est à la limite de l’insoutenable ! Alors qu’un froid sec et la vue des jardins recouverts d’un romantique manteau neigeux ne sont plus qu’un souvenir, en Belgique, laissant la place au dégel boueux et humide, lire que même un être rustre comme toi arrive à sangloter de bonheur au contact de la beauté et de la plénitude, pôôôt veurdôômeu, ça doit être fort !! La seule idée du sentiment de jalousie me soulevant le cœur, je me réjouis de ton bonheur présent, et d’y participer, modestement, grâce à la lecture de ce journal de bord quotidien, qui améliore le notre (notre quotidien, pas notre journal de bord, essaye de suivre !).
A bientôt,
Pace e salute ! (en tant que Corse, je prends comme un affront votre passage éclair à Sainte Hélène… Elle sent le pâté la mémoire de mon ancêtre ? As-tu réalisé dans combien de temps tu fouleras à nouveau cette terre ?).
Olivier.

Te lire Alexis en même temps que François Gabard pose le pied à terre est se baigner pleinement dans toute cette force de la mer. Non loin de vous navigue l'épicurien du Vendée Globe, Alessandro de Benedetti, ses témoignages et vos écrits ont la même saveur.
Vous semblez l'un et l'autre rendre grâce à chacun des moments. Rendre honneur à ce qui est; du nuage au goéland, du dégradé de bleu à l'horizon tranquille.
Merci d'appeler en nous cette grande bleu qui vient réduire la houle terrienne, bien dérisoire et surtout si peu nourrissante.
Transmettez-nous encore et encore ce qui la mer vous murmure. Tendez l'oreille, nous avons faim d'elle. Merci et surtout dans vos quarts de nuit, envoyez moi cet infini en pensée.
Nathalie

Petite pensée pour vous et d'autres marins en ce splendide jour d'arrivée du vendée Globe. Merci à toi Alexis de nous faire aussi partager un peu votre périple.
Notre petite famille se prépare tout doucement pour un premier voyage.
Nous avons finalement acheté un sunshine 38 de 1983 qui devrait arriver à Marseille fin février. Départ prévu début mai.
Merci à Sylvie et toi pour les conseils, l'enthousiasme et les premier pas en mer qui nous on donné confiance et envie.
A bientôt quelque part j'espère
Virginie

Cher Alexis, c'est vrai, bien sûr! il y a Sylvie pour te transmettre un petit mot de Portsmouth (Doùinique). Hé bien je me régale à lire tes billets.
ici Spaghetti, Alexis, Cobra et Albert se tournent les pouces tellement il y a peu de clients...Malgré un service revu et amélioré: les épaves sur la plage ont été enlevées, et il y a un petit air un rien plus civilisé, mais pas trop, dans le service des boatboys. Cette année, il pleut et repleut, très bon pour les pamplemousses!
Bises. JB

Ne te depeche pas de rentrer. Ici, cela caille... Semaine prochaine: pluie froide et mouillée + boulot pff...
Nicolas

Ne vous dépêchez pas trop.. Tu nous fait rêver et en plus la météo ici est comment dire....
Bon je ne le dis pas. :-(
Bob

bravo à vous tous,
même en Corse, on a froid. Manger de la courgette de sainte Hélène à l'ombre d'un spi instable, il y aurait donc aussi du bucolique sur un bateau?
Pierre

Bonjour
Il est très agréable de lire ce journal de bord au jour le jour, il nous offre d'agréables moments d'évasion au milieu de la journée.
Merci et bon vent,
Pierre

Salut Alexis,
Toujours aussi dépaysant de lire votre journal de bord. J’ai bien pensé à toi aujourd’hui en voyant François Gabart arriver à la fin de cet indescriptible exploit !
Yves

Après le philosophe , tu nous a régalé en temps qu'historien, et te voilà maintenant poète et quel poète ... Même si par notre petite fenêtre on ne voit que la grisaille bruxelloise , grâce à toi, on est transporté dans votre univers de quiétude et de jouissance, on glisse avec vous sur ces flots dans cette immensité de calme et beauté. Tu nous fais rêver avec tes mails, à en être jaloux, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il faut forcer son destin pour pouvoir réaliser son rêve et tu me donnes encore plus l'envie de concrétiser ce genre d'aventure humaine qui te marque à jamais...
Régale-nous encore de tous ces récits "voileux", on prend un plaisir intense à suivre votre belle progression vers le continent américains.
Profitez un max de ces moments intenses
Bizz Phil

Merci merci merci de nous faire vivre ces fabuleux moments. Grâce à toi, mes yeux voient ce que tu vois ! c'est un rêve. J'arrive d'un sejour de 11 jours sans tel sans internet dans un petit carmel situe dans un village du Senegal... Il y aurait beaucoup à dire et je suis encore sous le choc de tout ce qui s'est passé. la solitude, la beauté, la douceur, la spiritualité, tout un mélange d'ingrédients qui comble le coeur et l'âme.
Bon vent !
Beijos de Paris
ML

Bonjour Alexis
Tjs aussi poète. Pour ma part j'attends, pilote de zodiac pendu à mes SMS, les instructions pour aller chercher Gabard de Macif qui arrive demain dimanche 11 h mais il y a du gros temps en mer.
Puis les autres en suivant et cela pour une quinzaine de jours.
Tu fais partie de ces marins exceptionnels avec lesquels on part au bout du monde.
Toute mon amitié, Bon vent
Dominique

Salut Alexis,
Ce n'est pas parce que je suis discret que je ne lis pas les pages (de plus en plus lyriques) du journal de bord du Merena.
"Si cela ne nous avait pas fait partir un vendredi"... Je vois que les bonnes traditions ne se sont pas perdues. J'ai hérité des manies superstitieuses de mon prof de voile : qd je sors en mer à Dakar je m'arrête dans la passe qui mène à l'océan Atlantique et je jette de l'eau sur le bateau et sur mes mains.
J'ai remarqué que si j'oubliais le rituel la pêche était moins bonne. Si si ..
Grosses bises à vous
JP

Bonjour Alexis,
Bonjour également à l’équipage de Merena,
Merci de nous faire voyager à travers ces lignes, on croirait presque les voir onduler au rythme des vagues que Merena traverse …
Ca donne envie de retourner sur l’eau rapidement.
A+ et profite bien de la chance et du bonheur d’être sur l’eau !
Fabrice

Sympa...
On a presque envie d'y aller... Presque seulement
Have fun
Nicolas

Alors lire ce dernier message bien assis au Coeur de Bruxelles dans un des lieux de référence du jazz à savourer un concert "pop rock jazzy" d'enfer évidemment ça fait prendre la mesure du décalage "spacio-culturel" dont a bénéficié notre Napo. Evidemment ici le ciel est plutôt plombé et en terme de vagues nous n'avons que les ondulations du mont des arts mais soit à chaque lieu ses plaisirs. Bien sûr nous rêvons d'être à votre place (sauf Lydia) mais avouez qu'un bon verre au chaud baigné dans de la bonne musique, sous nos frimas ça vaut le coup aussi. On vous embrasse chaleureusement.
Lydia & François

Cher Alexis,
Et alors ?
Pas de nouvelles ce mercredi ?
Le feuilleton est-il interrompu par la "quarantaine" ?
L'affaire s'est-elle corsée ?
Nous sommes impatients de savoir "comment ça va bien" ...
Que tout aille pour le mieux pour nos marins au ras de la terre qui a aussi ses charmes ...
Nadine et Michel

My dear Alexis
Quelle joie de lire tes escapades et douces pensées . Quel rêve...
I do apologize in the name of my compatriot's, for the barbarous way in which you were received in the Island. I wish I had been informed earlier, in which case I would have immediately phoned the island Governor to protest and arrange for your safe passage from boat to port to pub....Dommage that you missed a pint of well earned beer, after such a long and hazardous journey.
Please continue with your daily short stories, to keep me cheered up while working here in Mexico.
Safe passage to you and your crew.
Christopher

Salut Alexis,
voila quelques jours que je lis quotidiennement ton journal de bord. Ces quelques lignes font rentrer dans notre petit bureau la moiteur et l'humidité du bord, le premier rayon de soleil de l'aube qui nous chauffe le dos après une nuit noire, et la bonne odeur de l'iode du grand large.
Mille mercis à toi et à très bientôt.
Manu

Bonjour Alexis
Je suis là, au volant de mon bus TEC, dans la neige, le froid et les courants d'air, mais pendant quelques instants grâce à tes Emails et à mon smartphone, le bus commence à voguer au dessus des vagues en plein océan. Tu as toujours ce style inimitable digne des plus grands écrivains. C'est super. Puisse ce voyage ne jamais s'arrêter, comme ces satellites qui tournent éternellement autour de la terre et nous transmettent des photos instantanées uniques.
Bon vent
Pierre

J'adore la lecture de vos journaux de bord, voyager en chambre, ou aujourd'hui les pieds dans la neige et la tête dans les étoiles, c'est prodigieux grâce à vous..
Suis curieuse de lire vos impressions sur cette île mythique qu'est Saint Hélène. André et moi serons à Récife vers le 18 mars, cela aurait été rigolo de s'y rencontrer, mais je pense que vous serez déjà partis, bon vent et à bientôt,
Mireille

Salut Alexis,
voila quelques jours que je lis quotidiennement ton journal de bord.
Ces quelques lignes font rentrer dans notre petit bureau la moiteur et l'humidité du bord,
le premier rayon de soleil de l'aube qui nous chauffe le dos après une nuit noire, et la bonne odeur de l'iode du grand large.
Mille mercis à toi et à très bientôt.
manu

Bonjour Alexis, Sylvie,
Dites-donc, quelle bonne visibilité vous avez à l'approche de Ste Hélène...: Crier "Terre!" à 30milles nautiques de l'île?
Quelqu'un serait en tête de mat? Ou alors c'est google-map qui déconne... En faisant un cut-&-paste des coordonnées sur maps.google.com, je parviens à suivre votre parcours. Superbe, cet épisode au quotidien! Vous êtes depuis quelques jours notre deuxième "check" journalier avant de clôturer les journées d'hiver ici en Belgique:
1. La Vendée Globe, et
2. Merena !
Merci,
Nicolas

Position : avachie dans le canapé sirotant un ti punch date de la position: 19 janvier de l'an 13
Météo : -4 °C, vent NE à 16 km/h, 80% d'humidité
Heure locale : samedi 19:21
Latitude : 50°7167
longitude : 4°533
Travail ou pas travail
activités matinales : lever des volets.... merde y en a un qui bloque! affronter les éléments bottes, moufles, cache nez , cache oreilles, anorak, ... j'affronte le grand froid -8 °
tirer, bloquer, râler, tirer, bloquer ...... enfin débloquer.
10h00 approche ....choix .... travail, pas travail.........
travail
entre dyslexie, dysorthographie, dysphasie, les éléments ne sont pas
de tous repos, seul sur le pont ....
17h00 je quitte la barre....
je descends du pont.... courses... Manger ???? pâtes, riz????
ce sera légumes et tipunch
soleil couché,
charger le poële à pellets et zou canapé et fifilm ce soir sur mon méga, super écran cinéma .... et je ne parle pas de la sono...!!!!
journal de bord
end
Et tous mes voeux cher Amiral!!!!!
Je vous embrasse
Blondine

Cher Alexis
merci pour ton compte rendu. Je suis frappée quand tu parles de "l'immensité de cette océan vide" et de "jouissons de cette mer douce".
C' est la contemplation qui survient face à la nature vierge, qui nous pousse au silence. Celà nous construit et indique notre place en ce monde.
Quand on revient "sur terre", il ne faut pas l' oublier.
Affectueusement,
tte Marguerite

Il y a ceux qui vont à Ste Hélène de leurs plein grès, et ceux qui y ont été débarqués contraints et forcés.
Une pensée depuis Ajaccio .. ... d'un ' journal de bord du merena addict '

Quel plaisir d'imaginer avec vous...
Un bout de voyage liquide dans nos journées moroses et poudreuses. Petit bout de rêve, le journal du Merena est attendu avec impatience dans mon quotidien
Belle navigation à vous!
Samantha

Hello Alexis,
I follow your journal every day, your now passing the meridian congratulations for the great adventure, and thanks for keeping me interested in your advances.
Good winds.
Ignacio your friend from Recife

Salut Alexis,
A force de te rapprocher de St Hélène (c’est Napoleon qui t’inspire?), tu deviens de plus en plus idéaliste, mais j’aime cette approche, moi qui suis dans la régulation européenne à longueur de journée ! Je t’envie beaucoup.
Bon vent, amitiés
Bernard

Quel optimisme et quelle sérénité !
Margaux

Merci pour ces récits journaliers, hauts en couleur et très poétiques, qui nous remémorent nos deux traversées de cet océan si vaste et si différent de ce que nous avons connu.
Merci à l'équipage de Merena qui nous font naviguer avec vous, alors que nous avons échoué bien loin à terre.
Je crois qu'un livre de vos péripéties serait intéressant !!!
Bisous
Kathy du Brésil

Une de perdue drisse de retrouvé...
Pardon, pas pu m'en empêcher Un grand bonjour sous la neige de gelbique
Cool tes p'tits messages
Bon vent
Bob et Cath

Merde alors ! Quel suspens ce jdeb!
Moi je suis dans le train entre Karlsruhe et Zurich et demain matin je piquerai une tête dans le lac de Zug (CH) en votre honneur.
Bonne réparation !
David

Merci Alexis pour ton message sans faux semblant, sans enjoliveur … qui me ramène 1 mois et demi en arrière! C'est vraiment tout cela que j'ai vécu pendant notre transat sur Soledonna avec l'ARC cet hiver, sans arriver à trouver les mots pour l'exprimer à mon capitaine de mari!
Se sentir moins seule et reconnue parce que tu as le don de mettre les mots justes sur ce goût de l'intense, de l'aventure, de notre petitesse devant l'immense, de l'expérience nouvelle même si elle est difficile, est un cadeau pour moi!
Bonne nav à toute l'équipe
Très cordialement
Bénédicte

Merci pour ces belles pages de ton journal.
C'est sans doute pour toutes ces raisons que tôt ou tard, nous pensons et rêvons à repartir. La mer finit par manquer.
Freddy et Daisy

Quelques mots au passage, le premier c'est "merci" pour ce Journal de bord du Merena, "pas mal, tout de même !" en tout cas !
'Naviguer', je ne sais pas ce que cela signifie mais j'aime bien cette citation de Tabarly.
"Naviguer: c'est accepter les contraintes que l'on a choisies. C'est un privilège. La plupart des humains subissent les obligations que la vie leur a imposé
Très cordialement,
Karine

Bien, bien, on se la coule plutôt douce à bord de Merena.
Nous sentons ce bon petit vent jusqu'ici sur le canal du Centre, la carte se dessine dans nos yeux...nous vous suivons.
Ici, pas trop de rêverie sinon lorsque nous recevons la page du journal d'Alexis.
Nous slalomons entre les magasins de bricolage à la recherche du meilleur matériel pour l'aménagement de la péniche.
Nous avons de la neige et Freddy a 53 ans aujourd'hui.
On vous embrasse, bons vents.
Daisy et Freddy

Ici la terre.....
Merci pour tes mails, c'est super....ça me fait rêver.... le temps de lire ton journal de bord me sort de mes 4 petits mur, me fait survoler les hurlements de enfants qui se battent.....
Quel différence de vie.....
Je te souhaite un bonne nuit.
Pascaline

Cher Capitaine,
Ici de même, belle régularité d'un ciel gris et humide, mon radeau avance à du 1 ou 2 noeuds , un vieux froc en guise de Gv et mon bonnet fait office de génaker, les températures baissent véritablement et bientôt je vais me retrouver sous voiles réduites car il me faudra récupérer mon bonnet.
Sinon pour la gastronomie même galère, le renard est venu réclamer notre contribution à la vie sauvage, 6 poules et le coq !
Mon coq est mort mon coq est mort ....
Je n'ai aucun mal à imaginer votre route parallèle au Kalahari, ni lui d'ailleurs.
Mais vous, parvenez vous tjrs à vous rendre rendre compte du tracé lorsque je monte à Bruxelles et laisse deux bandes de circulation entre ma teuf et l'immensité Hesbigonne. ça s'est du désert !!
Bon je te laisse et vais reprendre mon quart (de rouge)
bise à toi et salut à ton équipage
bonne nav
Cp Bartok

Vous entrez dans une zone définie par le National Geographique sur Google Earth comme une dead zone, où le taux d'oxygène de l'eau de mer tombe extrêmement bas et éloigne toute vie marine.
Eric

Profites-en ce sont les derniers albatros
Bon vent l'ami
Patrice

BZ (bravo zoulou) aux valeureux marins !!!!!!
C'est un ancien qui a suivi la même route aux positions calculées avec les astres à l’aide du Norry
Mes amitiés à tous
Capitaine de vaisseau R.M

C'est top de recevoir de vos nouvelles, vous nous faites voyager malgré la morosité. Ici on est repassé en négatif... Vous êtes en été et nous on replonge dans l'hiver ;-)...
Vous avez l'air d'avoir de bonnes conditions de nav actuellement , je vous envie de vivre ces grands moments de voiles. Profitez en un Max et revenez nous avec pleins de souvenirs et de belles images.
Bonne navigation et prudent.
Phil

Merci de penser à nous envoyer vos récits, c'est toujours un plaisir de s'évader en les lisant...
Je vous souhaite beaucoup de plaisantes mésaventures!
Au plaisir de vous lire, sail safely :-)
Yolande

C'est toujours une joie de lire le"journal de bord Merena" ! Un tout grand merci.
Belle nouvelle année.
Antoinette

Depuis Paris ou je vis vous me faites rêver tous les jours. Je voyage, je m'échappe du quotidien par vos aventures , vos rêves... Qui sont pour moi un peu de réalité non accessible. Ne pas vous accompagner est en fait plus jouissif que d'être avec vous car ces aventures par procuration permettent un echappatoire très libératoire...
Alors en 2013, faites nous rêver partir voyager !!!!
Peut être à un jour ou à jamais... Mais toujours dans ce bel amour de la mer...
Catherine

 


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